Par Swann Collins, investisseur, écrivain et consultant en affaires internationales – Eurasia Business News, 28 juillet 2022

Créé en février 2008, le Fonds national de protection sociale de la Russie (Фонд национального благосостояния, сокращенно ФНБ) est le principal fonds souverain de l’Etat russe.

La Cour des comptes de la Fédération de Russie a recommandé de réviser la structure monétaire du Fonds national de protection sociale (FNB), en excluant les monnaies des pays qui ont imposé des sanctions contre la Russie et les personnes morales et physiques lui étant liées. Cette recommandation est tirée du rapport publié par le contrôleur financier sur les résultats du suivi, de l’utilisation et de la gestion des ressources du FNB en 2020-2021.

En raison de la situation géopolitique depuis février 2022, une partie des actifs en devises étrangères détenu par le FNB (euros, livres sterling et yen japonais) sur des comptes auprès de la Banque de Russie sont bloqués depuis mars 2022 en raison des sanctions occidentales imposées contre les actifs de la banque centrale russe (gel de près de 300 milliards de dollars et d’euros par les Etats-Unis, l’Union européenne et leurs alliés).

Selon la recommandation des auditeurs, le ministère russe des Finances, avec la participation de la Banque de Russie, doit analyser la structure des actifs d’ici le 29 juillet 2022 et exclure les actions des ressources monétaires bloquées de son portefeuille.

Le 1er juillet, 50,872 milliards d’euros, 5,491 milliards de livres sterling, 797,199 milliards de yens japonais, 309,720 milliards de yuans chinois, ainsi que 554 911 kilogrammes d’or sous forme standard et 319,4 millions de roubles ont été placés sur des comptes séparés pour la comptabilisation des fonds du FNB auprès de la Banque de Russie.

« Au cours de la période considérée, la part des actifs en roubles dans le volume total du Fonds est passée de 15,4% à 33,9%. La part des actifs libellés en devises étrangères et en or sous forme impersonnelle s’élevait à 66,1% (8,98 billions de roubles). À la fin de 2021, le volume des actifs liquides de la NWF a augmenté de 37,7% par rapport au début de 2020 et s’élevait à 8,45 billions de roubles (6,5% du PIB). Dans le même temps, la part des liquidités dans le volume total de la NWF est passée de 79 à 62,2% », a déclaré l’auditeur Alexei Savatyugin à la suite des résultats du suivi de la formation et de l’utilisation des fonds de la NWF en 2020-2021.

Le dollar américain a été exclu des structures du Fonds national russe de protection sociale en juin 2021.

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Plus tôt, le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, parlant des possibilités d’économiser les revenus pétroliers et gaziers à l’avenir, a noté que dans les années suivantes, il est possible de les économiser en roubles:

« Pour la stabilité budgétaire, nous n’avons pas besoin d’avoir de monnaie (dans la structure de la NWF – FI). Oui, la monnaie était un bon outil dans le sens où elle jouait aussi sur le taux de change, et (…) quand les prix chutaient, le taux s’affaiblissait, et nos réserves augmentaient, encore plus nos réserves devenaient, c’était aussi un contre-cycle. “

« Aujourd’hui, nous dépensons le NWF, nous dépensons des roubles, la Banque centrale émet ces fonds, de la même manière dans des conditions où les dollars et les euros ne sont pas disponibles, et même si un jour il ouvre, ce n’est pas un fait que nous serons en mesure d’économiser quelque chose en eux, puisque c’est déjà un actif risqué, alors au stade actuel, il est tout à fait possible de le faire en roubles, », a ajouté Anton Siluanov.

Les actifs en roubles, a déclaré le ministre russe des Finances, bien sûr, ne réagissent pas de manière aussi contracyclique que le dollar et l’euro. « Néanmoins, nous devons poursuivre une politique budgétaire anticyclique, car maintenant environ 40 % des recettes budgétaires fédérales sont formées au détriment du pétrole et du gaz. Par conséquent, économiser en roubles est également une option », a déclaré Anton Siluanov.

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La Russie pourrait également investir en yuan, pour construire le portefeuille de la NWF : « Puisque nous avons déjà une part importante de l’or et que les réserves de change sont en yuan. […] Dans les années à venir, nous pourrons penser à conserver l’épargne en yuans lors de la mise en œuvre de la règle budgétaire », a commenté le ministre russe des Finances.

« Le commerce sera désormais davantage axé sur l’Est. Quelles sont les réserves des pays stockés ? Dans les actifs très liquides, qui étaient auparavant le dollar et l’euro, puisqu’il n’est plus disponible, et que tout est plus concentré sur les marchés chinois, il me semble qu’il y a une logique d’avoir des réserves dans la monnaie du pays avec lequel nous échangeons.

Le yuan a établi un nouveau record de volume de transactions au cours des derniers mois. De plus en plus de gens passent du dollar à la monnaie chinoise. Selon une enquête annuelle d’UBS Asset Management, environ 85% des banques centrales ont déclaré investir ou envisager d’investir dans le yuan chinois. C’est plus de 81% l’année précédente. La banque suisse UBS a interrogé 30 des plus grandes banques centrales du monde.

Au total, en 2020-2021, l’utilisation des sommes du FNB s’est élevée à 307,6 milliards de roubles (environ 5 milliards d’euros). Parmi ceux-ci, 300,9 milliards de roubles ont été alloués pour couvrir le déficit budgétaire fédéral et 6,7 milliards de roubles pour cofinancer la formation de l’épargne-retraite des assurés qui ont payé des primes d’assurance supplémentaires pour une pension par capitalisation.

Le volume des actifs du FNB placés dans huit des 12 projets de la Liste des projets d’infrastructure autosuffisants s’élevait à 680,4 millions de roubles, soit 70% du montant approuvé (limite) des fonds du Fonds sur la période 2020-2021.

La Chambre des comptes de la Fédération de Russie (en russe : Счётная палата Российской Федерации) est l’organe parlementaire de contrôle financier des organes de l’État russe. Alexeï Koudrine, le célèbre économiste, est président de la Chambre des comptes depuis mai 2018.

Alexeï Koudrine appartient aux milieux libéraux ayant accès aux ministères et au Kremlin, en concurrence avec les conservateurs. L’ancien ministre des Finances de 2000 à 2011 est connu pour avoir réussi à redresser les comptes de l’État fédéral, à réformer et à améliorer le cadre fiscal et pour avoir créé et financé le Fonds de stabilisation avec les recettes de la rente pétrolière.

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