Par Anthony Marcus, correspondant pour Eurasia Business News, le 21 juin 2023

Photo : Le président chinois Xi Jinping à gauche, aux côtés du président américain Joe Biden.
La Chine a sévèrement critiqué le président américain Joe Biden, qui a qualifié le président chinois Xi Jinping de “dictateur”, rapporte l’agence de presse Reuters. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a officiellement protesté auprès de Washington. « Les déclarations de la partie américaine sont extrêmement absurdes, extrêmement irresponsables, contredisent les faits, violent gravement l’étiquette diplomatique, constituent une grave attaque contre la dignité politique de la Chine et une provocation politique ouverte », a-t-elle déclaré lors d’un point de presse.
Plus tôt le 20 juin, le président américaine Joe Biden avait qualifié Xi Jinping de “dictateur”, discutant de l’incident de février dernier avec un ballon d’observation chinois abattu par l’armée américaine au dessus du territoire des Etats-Unis. Ces mots ont été prononcés en Californie lors d’une réunion organisée par Joe Biden pour collecter des fonds pour sa campagne présidentielle de 2024. Selon lui, la réaction négative de Xi Jinping à ce qui est arrivé au ballon abattu s’explique par le fait que le président chinois ne connaissait pas l’emplacement réel du ballon. « Les dictateurs sont très confus quand ils ne sont pas au courant de ce qui s’est passé », a déclaré le dirigeant américain.
Il est à noter que le 17 juin, Joe Biden avait déjà exprimé la version selon laquelle Pékin n’aurait pas eu d’informations sur ce qui se passait avec leurs aéronefs. Biden a exhorté à « ne pas s’inquiéter pour la Chine », qui « connaît de réelles difficultés économiques ». Cependant, le même jour, le locataire de la Maison Blanche avait exprimé l’espoir d’une rencontre avec Xi Jinping dans les mois à venir.
« Nous nous attendons à ce que lorsque le moment sera venu, cet engagement reprenne à l’avenir, nous continuerons à planifier », a déclaré le porte-parole du Département d’Etat, Vedant Patel. C’est ainsi qu’il a répondu à la question d’un journaliste de savoir si le Département d’Etat considère qu’il est possible pour les responsables américains de se rendre en Chine et les responsables chinois aux États-Unis après la colère de Pékin suite aux déclarations de Joe Biden concernant le président chinois Xi Jinping.
La déclaration du président Joe Biden montre qu’en plus des facteurs économiques, militaro-politiques et technologiques, le facteur idéologique joue un rôle important dans les relations bilatérale entre les deux grandes puissances. Pour Washington, les critiques envers Pékin en matière de démocratie et de droits de l’Homme est la ligne constante de la politique américaine. Le facteur idéologique dans les relations bilatérales a pénétré fortement dans la conscience de l’élite politique américaine. L’inverse est aussi vrai pour l’élite étatique chinoise.
Les États-Unis ont formulé à plusieurs reprises de vives critiques contre la Chine ces derniers, notamment au sujet de l’île de Taïwan. Un exemple est la visite de la présidente de la Chambre des représentants de l’époque, Nancy Pelosi, à Taïwan en août 2022, qui a provoqué une grave détérioration des relations bilatérales. Pour les Américains, ce voyage avait une signification purement symbolique.
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La déclaration récente du président américain au sujet du président chinois, peut être comprise de différentes manières : D’une part, c’est un facteur de hasard. Joe Biden souvent, en raison de son âge, parle rapidement ou ne prend pas en compte le contexte. D’autre part, Joe Biden pourrait délibérément exprimer son manque de respect envers son homologue chinois, démontrant son mécontentement quant au niveau actuel des relations bilatérales, très dégradées. Enfin, il peut y avoir des forces dans l’establishment américain qui ne sont pas intéressées par une normalisation des relations avec la Chine, le grand rival des Etats-Unis pour le XXIe siècle.
Cependant, dans la stratégie de politique étrangère américaine, il existe un consensus bipartite sur la poursuite de l’endiguement de la Chine dans la politique mondiale. Cette ligne stratégique est perceptible au niveau des plates-formes des partis démocrate et républicain, de la stratégie de sécurité nationale et du département d’État. Les désaccords ne peuvent se situer qu’au niveau tactique sur certaines questions d’interaction économique et politique entre les États-Unis et la Chine.
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Dans le même temps, pour Pékin, l’attaque de Biden dans le contexte des récents entretiens du secrétaire d’État américain Anthony Blinken avec les dirigeants chinois a rappelé que les Américains ne sont pas vraiment prêts pour un dialogue constructif, ce qui pourrait mettre le processus de négociation en suspens. Pékin n’est pas intéressé à perdre du temps à clarifier la relation bilatérale et à présenter des listes de revendications mutuelles. La Chine a besoin de compromis et de concessions mutuelles. À tout le moins, cela nécessite que Washington reconnaisse Pékin comme un partenaire égal, ce que les Américains ne sont pas prêts à faire à ce stade, notamment en raison du statut de Taïwan, de la question de la démocratie, des libertés et des droits de l’Homme.
La politique américaine d’endiguement de la Chine à l’avenir pourrait provoquer une crise internationale, si la politique de confinement de Pékin en Extrême-Orient va trop loin. Beaucoup dépend de la prudence et de l’habileté de la diplomatie américaine dans la mise en oeuvre de sa politique.
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