Par Anthony Marcus, correspondant pour Eurasia Business News, le 25 juin 2023

Les combattants de la compagnie militaire privée Wagner, qui n’ont pas participé à la rébellion, pourront signer un contrat avec le ministère russe de la Défense. Photo : vue sur un char tusse T90 de Wagner dans le centre de Rostov, le 24 juin 2023.

Les combattants de la compagnie militaire privée Wagner, qui n’ont pas participé à la rébellion, pourront conclure un contrat avec le ministère de la Défense, le reste des combattants ne sera pas persécuté et le fondateur de la société, Yevgeny Prigozhin, partira pour la Biélorussie. Les poursuites pénales engagées contre lui seront rejetées. Voici les éléments annoncés ce soir aux journalistes par l’attaché de presse du président russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov. Selon lui, le président biélorusse Aleksandr Loukachenko a proposé des efforts de médiation pour résoudre la situation avec Evgueni Prigojine lors d’une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine.

« Les deux présidents ont en effet convenu que le président Loukachenko jouerait un rôle de médiateur dans les efforts visant à résoudre la situation. Nous apprécions cette préparation. Vous me demanderez probablement pourquoi le président Loukachenko? Le fait est qu’Aleksandr Grigorievich connaît personnellement Prigogine depuis longtemps, environ 20 ans. Et c’était sa proposition d’initiative personnelle, qui a été convenue avec le président Poutine. Nous sommes reconnaissants au président de la Biélorussie pour ces efforts », a déclaré Dmitri Peskov aux journalistes. Selon lui, en fin de compte, il a été possible de résoudre cette situation « sans pertes supplémentaires, sans augmenter davantage le niveau de tension ».

Après les pourparlers entre Loukachenko et Prigozhin, un accord a été conclu pour que les troupes de Wagner retournent dans leurs camps, a déclaré Peskov.

« Certains d’entre eux, qui le souhaitent, signeront des contrats avec le ministère de la Défense. Cela s’applique à ceux qui n’ont pas participé à cette campagne. En effet, il y avait de tels composés qui ont changé d’avis dès le début et sont revenus. Ils ont même demandé une escorte de la police de la circulation et d’autres formes d’assistance afin de retourner sur leurs lieux de déploiement permanent », a déclaré le porte-parole du Kremlin. Le reste des combattants ne sera pas poursuivi, a déclaré Peskov: « Personne ne les persécutera, compte tenu de leurs mérites au front. Nous avons toujours respecté leurs actes héroïques au front et nous maintiendrons toujours ce respect. »

Les poursuites pénales contre Prigojine seront abandonnées et il « ira en Biélorussie », a déclaré Peskov. De tels accords ont été enregistrés lors de la conversation du soir entre les présidents Poutine et Loukachenko, a-t-il ajouté. Cependant, ce que Prigojine fera en Biélorussie, Peskov ne l’a pas dit. De plus, l’attaché de presse du président russe déclare ne pas savoir où se trouve Prigojine maintenant. Dans le même temps, Peskov a ajouté que la garantie que Prigojinepourra se rendre en Biélorussie est « la parole du président de la Russie ».

En ce qui concerne d’éventuels changements de personnel au ministère de la Défense, Peskov a déclaré que « ces questions relèvent de la prérogative et de la compétence exclusives du commandant en chef suprême conformément à la Constitution de la Fédération de Russie ». Lorsqu’on lui a demandé si le président faisait toujours confiance au ministre de la Défense, Peskov a déclaré: « Je ne suis au courant d’aucun changement à cet égard. »

Peskov a également commenté la déclaration matinale du président selon laquelle tous ceux qui se sont délibérément engagés sur la voie de la trahison seront punis et tenus responsables devant la loi. Selon le représentant du Kremlin, l’objectif principal était d’éviter les effusions de sang, les affrontements internes, les affrontements aux résultats imprévisibles. « Et c’est au nom de ces objectifs que les efforts de médiation de Loukachenko ont été mis en œuvre. Et le président Poutine a pris la décision appropriée », a déclaré Peskov. Dans le même temps, la question de savoir combien de militaires sont morts à la suite des actions d’aujourd’hui du PMC Wagner, Peskov a transmis au ministère de la Défense.

De nouveaux appels de Vladimir Poutine ne sont pas prévus la nuit, a déclaré Peskov. Selon lui, le président était au Kremlin toute la journée du 24 juin. Le régime des opérations antiterroristes sera aboli « dans un avenir très proche », a-t-il ajouté. Ce régime a été introduit à Moscou et dans plusieurs autres régions dans la nuit au 23 au 24 juin, afin de répondre à la rébellion des troupes de Wagner contre les autorités étatiques de Russie.

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Cette épisode de rébellion armée de Wagner contre l’Etat russe, avec des entrées dans Rostov, Voronezh et une expédition vers Moscou, pose à nouveau la question de la loyauté et de la fiabilité des troupes de mercenaires dans les conflits. Adversaire du mercenariat, le penseur et haut-fonctionnaire florentin Machiavel écrivait dans son ouvrage majeur “Le Prince”, achevé en 1513 :

“Je dis donc que les armes qu’un prince peut employer pour la défense de son État lui sont propres, ou sont mercenaires, auxiliaires, ou mixtes, et que les mercenaires et les auxiliaires sont non-seulement inutiles, mais même dangereuses. Le prince dont le pouvoir n’a pour appui que des troupes mercenaires, ne sera jamais ni assuré ni tranquille ; car de telles troupes sont désunies, ambitieuses, sans discipline, infidèles, hardies envers les amis, lâches contre les ennemis ; et elles n’ont ni crainte de Dieu, ni probité à l’égard des hommes. […] Quant aux troupes mercenaires, on peut citer, dans l’antiquité, l’exemple des Carthaginois, qui, après leur première guerre contre Rome, furent sur le point d’être opprimés par celles qu’ils avaient à leur service, quoique commandées par des citoyens de Carthage. […]”

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La difficulté de contrôler une compagnie militaire privée comme Wagner a amené le Kremlin a imposé la signature de contrat avec le Ministère russe de la Défense, contrats prévoyant une mise sous tutelle. Le bras de fer entre Yevgeny Prigojine et le gouvernement russe, débuté hier soir le 24 juin, s’est achevé aujourd’hui après des négociations menées par le médiateur Aleksandr Loukachenko, le président de Biélorussie. Le leader de Wagner se voit attribué des “garanties” par le président russe Vladimir Poutine et va se rendre prochainement en Biélorussie.

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