Par John Meyer, consultant en affaires financières – Eurasia Business News, 3 août 2023

La Banque centrale britannique signale qu’elle pourrait être dans les dernières étapes de sa longue série de hausses de taux directeurs, entamée pour endiguer l’inflation.

La Banque d’Angleterre a relevé jeudi son taux directeur pour la 14e fois consécutive et a déclaré qu’elle pourrait le faire à nouveau alors qu’elle tente de ralentir la hausse la plus rapide des prix à la consommation.

La banque centrale du Royaume-Uni a augmenté son taux d’escompte de 5 à 25,5 %, le portant à son plus haut niveau depuis février 2008 et suivant les récentes mesures prises par la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne. En janvier, la Banque d’Angleterre avait porté son principal taux directeur à 4%.

Comme les États-Unis, l’économie du Royaume-Uni s’est montrée étonnamment résiliente au cours des douze derniers mois, défiant les attentes selon lesquelles elle glisserait en récession à la suite de la flambée des prix des biens de consommation et de l’énergie depuis l’été 2021, hausse des prix accentuée depuis février 2022 en raison de la guerre en Ukraine. Cependant, les économistes avertissent que la hausse des coûts d’emprunt pourrait encore pousser l’économie à la contraction, les entreprises et les ménages ne parvenant plus à se financer.

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La Banque d’Angleterre a commencé à relever son taux directeur avant la Fed et la BCE, mais le taux d’inflation du Royaume-Uni a chuté moins rapidement que celui des États-Unis ou de la zone euro. En juin, la hausse des prix à la consommation au Royaume-Uni étaient supérieurs de 7,9 % à ceux de l’année précédente, comparativement à 5,5 % dans la zone euro et à 3 % aux États-Unis.

Alors qu’il reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir être sûre que l’inflation tombera à son objectif de 2%, la Banque d’Angleterre a déclaré qu’elle relèverait à nouveau son taux d’intérêt directeur s’il y avait des signes que de fortes augmentations salariales devraient entraîner de nouvelles hausses de prix, en particulier dans le secteur dominant des services.

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« Je ne pense pas qu’il soit temps de déclarer que tout est fini, et nous restons là où nous sommes », a déclaré le gouverneur de la BOE, Andrew Bailey. « Si nous obtenons plus de preuves d’une inflation plus persistante, nous devrons réagir à cela. »

La Banque d’Angleterre a signalé qu’elle pourrait être dans les dernières étapes de sa longue série de hausses de taux. La banque centrale prévoit que l’inflation serait inférieure à son objectif de 2% à partir de la mi-2025 si elle relevait son taux directeur à 6%, ce que les marchés financiers considéraient comme le pic probable avant l’annonce de jeudi.

La Banque d’Angleterre a également qualifié sa politique de « restrictive », ce qui signifie qu’elle restreint sa politique monétaire pour ralentir l’activité et affaiblir la hausse des prix. Les baisses précédentes du taux d’inflation ont été en grande partie dues à la baisse des prix de l’énergie sur les trois derniers mois, facteurs qui ne sont pas affectés par la politique de la Banque d’Angleterre. C’est une indication supplémentaire que les décideurs ne sont pas convaincus qu’ils doivent pousser les taux beaucoup plus haut pour maîtriser l’inflation.

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Les économistes de la Banque d’Angleterre suggèrent qu’ils arrivent à la fin du cycle de hausse des taux. Cela pourrait signifier peut-être une ou deux augmentations de taux supplémentaires, mais ils ne vont pas faire beaucoup plus.

Les investisseurs ont réduit leurs paris sur le montant auquel ils s’attendent à ce que la Banque d’Angleterre augmente finalement les coûts d’emprunt après sa décision de hausse d’aujourd’hui. Les marchés anticipent maintenant un taux directeur record d’environ 5,75 % d’ici le début de l’année 2024, ce qui suggère deux autres hausses d’un quart de point. Les attentes ont fortement baissé depuis le début du mois de juillet, lorsque les investisseurs s’attendaient à ce que les taux culminent autour de 6,5%, selon les marchés des swaps de taux d’intérêt.

L’attention des marchés se tourne maintenant vers ce qui vient après que les banques centrales auront mis fin à leurs cycles de resserrement les plus agressifs depuis des décennies. Les investisseurs pensent que la Réserve Fédérale américaine a fini de relever ses taux après sa 11e hausse le mois dernier, tandis que la BCE pourrait en relever une de plus en septembre, selon les anticipations des marchés de swaps. Les trois banques centrales maintiendront probablement les taux inchangés pendant neuf à 12 mois avant de passer à des baisses de taux d’intérêt en 2024, pour relancer les économies.

Cependant, la Banque d’Angleterre a sous-estimé l’ampleur et la persistance du problème de l’inflation au Royaume-Uni depuis que les prix à la consommation ont commencé à augmenter rapidement au milieu de 2021. La semaine dernière, la Banque d’Angleterre a fait appel à l’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, pour procéder à un examen de son processus de prévision, dont les résultats devraient être publiés au printemps 2024.

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L’économie britannique n’a pas encore ressenti toute la force des hausses de taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre. Comme les Américains l’ont fait, les Britanniques ont maintenu des taux ultrabas sur la dette telle que les crédits immobiliers, les prêts automobiles et les crédits d’entreprises au cours de la décennie qui a suivi la crise financière de 2008, dans le cadre du “quantitative easing”.

Mais contrairement aux États-Unis, où les taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires sont fixes entre 15 et 30 ans, les prêts hypothécaires britanniques ont généralement un taux fixe pendant deux à cinq ans avant d’être renégociés, de sorte qu’un nombre croissant de propriétaires ont vu leur prêt hypothécaire passer à des taux d’intérêt nettement plus élevés.

Michael Saunders d’Oxford Economics, qui a fixé les taux de la BOE jusqu’à l’année dernière, estime que le taux d’intérêt moyen sur un prêt hypothécaire au Royaume-Uni a augmenté de 0,9 point de pourcentage jusqu’en juin par rapport à la fin de 2021, contre une augmentation totale probable de 2,5 points de pourcentage d’ici la fin de 2026.

La BoE est susceptible d’être consciente que même si le taux directeur et les taux d’intérêt sur les nouveaux prêts cessent d’augmenter, l’économie sera confrontée à un puissant resserrement monétaire retardé par le refinancement des prêts hypothécaires à taux fixe arrivant à échéance au cours des prochaines années. Ce fort resserrement exercera une pression importante sur le marché de l’immobilier et de la construction.

Environ trois millions de ménages britanniques devraient voir leurs paiements hypothécaires mensuels augmenter d’ici la fin de l’année, selon les données de la BOE. La banque centrale du Royaume-Uni estime que les augmentations mensuelles seront inférieures à 200 livres – soit environ 255 dollars – pour la plupart des ménages touchés.

L’un des neuf gouverneurs de la Banque d’Angleterre a voté contre l’augmentation, arguant que l’impact décalé des mouvements précédents serait suffisant pour ramener l’inflation à l’objectif de 2% de la banque centrale. Deux décideurs ont voté en faveur d’une hausse plus importante, d’un demi-point de pourcentage, étant donné que la banque centrale avait sous-estimé l’inflation dans le passé.

En mai, la production économique du Royaume-Uni a chuté par rapport au mois précédent, mais cela était en partie dû aux célébrations entourant le couronnement du roi Charles III. La Banque d’Angleterre estime que l’économie a progressé au deuxième trimestre dans son ensemble.

Les enquêtes de conjoncture pour juillet indiquent un affaiblissement de la production au Royaume-Uni, l’activité dans le secteur manufacturier diminuant au rythme le plus rapide cette année et l’activité dans le secteur des services augmentant à peine.

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L’élan et la résilience du secteur privé britannique commencent à faiblir et il n’est pas difficile de voir l’économie du Royaume-Uni glisser dans la récession au début de 2024 alors que l’impact des hausses de taux d’intérêt continue de se répercuter sur l’économie réelle, en limitant son accès au financement.

Reflétant l’impact de la hausse des taux d’intérêt, la Banque d’Angleterre a abaissé ses prévisions de croissance pour les années à venir et prévoit désormais une croissance économique de seulement 0,5% en 2024 et de 0,25% en 2025. En mai, il prévoyait une croissance de 0,75% pour ces deux années. Cependant, la banque centrale ne s’attend pas à ce que le Royaume-Uni glisse en récession.

Les prix de l’or oscillaient entre 1 928 $ et 1 939 $ l’once troy aujourd’hui, stable à +0,33 % au cours des 30 derniers jours. Les prix de l’argent se sont négociés entre 23,28 $ et 23,78 $ l’once aujourd’hui (3 août 2023).

Le métal jaune a toujours été une bonne couverture contre l’inflation car son prix augmente lorsque le coût des biens et services augmente. L’or peut effectivement stocker de la valeur au fil du temps, lorsque le papier-monnaie tel que le dollar ou l’euro perd du pouvoir d’achat en raison de l’inflation. L’or est un actif résilient qui résiste à l’érosion de l’inflation et préserve la richesse à moyen et long terme.

Les achats des banques centrales en or ont ralenti au deuxième trimestre 2023 mais sont restés résolument positifs d’après les données publiées par le World Gold Council. Ceci, combiné à des investissements sains et à une demande de bijoux résiliente, a créé un environnement favorable aux prix de l’or. La demande d’or a légèrement baissé de 2% au deuxième trimestre 2023 en glissement annuel à 921 tonnes, tirée par une décélération marquée des achats nets des banques centrales par rapport aux achats supérieurs à la moyenne au deuxième trimestre 2022. En incluant les flux de gré à gré et les stocks, la demande totale s’est renforcée de 7% en glissement annuel pour atteindre 1 255 tonnes. Les 103 tonnes d’achats nets du secteur officiel au 2e TRIM sont conformes à la tendance positive sous-jacente vers l’or parmi les banques centrales.

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