Par John Meyer, consultant en affaires et en finance. Eurasia Business News, 12 février 2024
La menace de sanctions secondaires de l’OFAC américain a incité les banques chinoises à revoir leurs activités en Russie et à rompre leurs liens avec les clients figurant sur la liste des sanctions.
La banque commerciale chinoise Zhejiang Chouzhou a informé ses clients de la suspension de ses opérations avec la Russie. Des hommes d’affaires russes ont confirmé ces informations. Les dirigeants de la banque chinoise ont informé les clients de la fin des relations avec toute organisation russe ou biélorusse la semaine dernière. La suspension des paiements en raison du début imminent du Nouvel An chinois signifie qu’un effondrement logistique est attendu – il ne sera pas possible d’exporter des marchandises au moins jusqu’en mars en raison du long week-end (officiellement, les festivités dureront du 10 au 17 février).
Dans la journée du 7 février, le Kremlin a reconnu que les entreprises russes avaient des difficultés avec des banques chinoises.
Chouzhou Bank est devenu le principal centre d’implantation des importateurs russes en raison de sa conformité relativement faible à l’égard des sanctions occidentales et de sa situation géographique – son siège social est situé à Yiwu, l’un des principaux centres logistiques pour les exportations chinoises vers la Russie.
Les paiements des importateurs russes de biens chinois ne dépendent pas du système de paiement – les transactions ont été arrêtées non seulement avec l’aide de SWIFT, mais aussi avec le SPFS russe et le CIPS chinois. Même si les mouvements d’argent à travers les systèmes nationaux russe et chinois ne sont pas visibles pour les Américains ou les Européens, tout cela se reflète clairement dans les rapports que les contreparties occidentales peuvent exiger des banques chinoises conformément aux réglementations bancaires internationales.
Les informations sur les flux d’argent et de matières premières entre la Chine et la Russie sont disponibles pour les régulateurs occidentaux, même si les contreparties n’utilisent pas SWIFT. Le système de paiement chinois CIPS est sous la pression de SWIFT et demande des informations sur le volume des transactions financières avec la Russie, d’après les sources locales. Toutes les banques chinoises ne sont pas connectées au SPFS russe, et celles qui l’ont rejoint utilisent d’autres systèmes. L’utilisation de plusieurs systèmes en même temps est assez difficile, risquée et crée généralement une concurrence entre les fournisseurs.
Pas seulement Chouzhou
D’après les sources locales, la banque Chouzhou n’est pas la seule banque chinoise à avoir des relations financières limitées avec la Russie. Une autre institution financière, l’une des trois plus grandes de Chine, aurait fermé le compte en devises étrangères d’entreprises russes, conservant la possibilité de transférer de l’argent en yuans. Mais le respect des paiements a été fortement renforcé : la banque chinoise en question exigerait la confirmation que l’acheteur des marchandises n’a eu aucun contact avec des personnes et des entreprises sanctionnées par les Etats occidentaux, que les produits ne seront pas utilisés pour les besoins du complexe de défense russe, ne seront pas fournis à la Crimée, etc…
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Certains paiements en yuans passeraient encore pour les importateurs russes, par exemple, à la Banque de Chine à Shenzhen, mais la même succursale n’ouvre pas de comptes pour les entreprises chinoises si le fondateur ou le directeur est un citoyen russe. Les systèmes de paiement transfrontaliers chinois PingPong et Xtransfer ont également interrompu les règlements.
Si de tels problèmes peuvent être considérés comme temporaires, pour la période du Nouvel An chinois, les entreprises russes devront réfléchir à d’autres options de règlement de leurs importations depuis la Chine, par exemple avec l’aide de succursales russes incorporées en Chine.
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Il semble bien que les banques chinoises aient durci leur politique à l’égard des clients russes après la publication d’un décret du président américain Joe Biden le 22 décembre 2023, qui a donné au Trésor américain le pouvoir de punir les banques étrangères qui violent les sanctions contre la Russie de manière directe et indirecte.
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Les politiques de conformité aurait été renforcée par au moins trois des quatre grandes banques – Bank of China, China Construction Bank et Industrial and Commercial Bank of China.
Le système bancaire chinois est beaucoup plus complexe que le système russe, rappelle Sergueï Tsyplakov, professeur à l’École des relations internationales de la Faculté d’économie mondiale et des affaires internationales de l’École supérieure d’économie, dans un entretien du 8 février avec le journal russe Vedomosti.
Les cinq plus grandes banques d’État chinoises – la Banque industrielle et commerciale, la Banque agricole, la Banque de Chine, la Banque de construction et la Banque des communications – ont des succursales ou des filiales à l’étranger, notamment aux États-Unis et dans l’Union européenne, ce qui les oblige à ne pas violer les sanctions occidentales.
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En 2014, après le rattachement de la Crimée à la Russie, les banques chinoises étaient extrêmement prudentes lorsqu’il s’agissait d’effectuer des transactions avec la Russie, alors encore en dollars. Nous parlons maintenant de transferts en yuans, mais en même temps, on ne peut pas dire que toutes les transactions avec la Russie ont complètement cessé, mais les procédures de conformité et d’inspection sont devenues plus strictes. Les Chinois veulent logiquement éviter que leurs banques ne tombent sous le coup des sanctions occidentales.
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