Par John Meyer, consultant en affaires financières – Eurasia Business News, 23 septembre 2023

Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à 5,2 % en août 2023, stable après 5,3 % en juillet. Un an plus tôt, le taux était de 9,1 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 5,9 % en août 2023, contre 6,1 % en juillet. Un an plus tôt, le taux était de 10,1 %. Ces chiffres sont publiés par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

Les taux annuels les plus faibles ont été enregistrés au Danemark (2,3%), en Espagne et en Belgique (2,4% chacun). Les taux annuels les plus élevés ont été enregistrés en Hongrie (14,2%), en Tchéquie (10,1%) et en Slovaquie (9,6%). Par rapport à juillet, l’inflation annuelle a diminué dans quinze États membres, est restée stable dans un et a augmenté dans onze.

L’inflation annuelle en France s’est accélérée en août, atteignant 5,7%, après 5,1% en juillet.

En août, la contribution la plus élevée au taux d’inflation annuel de la zone euro a été celle des services (+2,41 points de pourcentage, pp), suivis de l’alimentation, de l’alcool et du tabac (+1,98 pp), des biens industriels non énergétiques (+1,19 pp) et de l’énergie (-0,34 pp).

Le taux de 5,2 % reste bien au-dessus de l’objectif d’inflation de 2 % fixé par la Banque centrale européenne.

Le taux d’inflation annuel aux États-Unis pour août 2023 était de +3,7%. Il était de +6,7% au Royaume-Uni et de +4% au Canada (il était de +3,7% en juillet 2023 pour le Canada).

Quel est l’impact de l’inflation sur l’économie de la zone euro ?

Réduction du pouvoir d’achat : Le taux d’inflation élevé dans la zone euro érode le pouvoir d’achat des consommateurs. À mesure que les prix augmentent, les consommateurs peuvent acheter moins de biens et de services avec la même somme d’argent, ce qui réduit leur pouvoir d’achat. Un tel processus conduit à la déflation.

Moins d’investissement : Une inflation élevée peut entraîner de l’incertitude et une perte de confiance dans l’économie, ce qui peut décourager l’investissement.

Compétitivité réduite : Une inflation élevée peut entraîner une hausse des coûts pour les entreprises, ce qui réduit leur compétitivité sur le marché mondial.

Augmentation des taux d’intérêt : Les banques centrales peuvent augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, ce qui peut augmenter les coûts d’emprunt pour les entreprises et les consommateurs.

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Augmentation des revendications salariales: À mesure que les prix augmentent, les travailleurs peuvent exiger des salaires plus élevés pour maintenir leur pouvoir d’achat, ce qui peut entraîner des coûts de main-d’œuvre plus élevés pour les entreprises.

Inflation et démocratie

Le pacte social des démocraties européennes se désintègre sous nos yeux. De plus en plus de citoyens remettent en question l’autorité légale et la légitimité des gouvernements, de leurs politiques et du capitalisme financier. La classe moyenne en France comme en Allemagne est de moins en moins disposée à travailler plus pour gagner moins. La faible croissance du PIB dans la zone euro maintient le taux de chômage. La dette publique élevée des Etats de la zone euro conduit désormais, avec des taux d’intérêt de près de 5%, à des situations de piège de la dette. Cela conduit à un appauvrissement mécanique des économies nationales et de leurs parties prenantes, des entreprises et des citoyens.

L’Allemagne est depuis plusieurs mois confrontée à une récession, comme l’a confirmé le gouvernement fédéral allemand, son économie étant en récession durant trois trimestres consécutifs jusqu’à fin juin 2023. Le pays est officiellement tombé dans une récession technique au premier trimestre de l’année, la croissance du PIB ayant été révisée de zéro à -0,3 %. L’économie allemande a stagné au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédents, ne montrant aucun signe de reprise. L’Allemagne a connu en août 2023 la plus forte baisse de son activité économique depuis plus de trois ans, selon les données d’une enquête publiées. Or, l’économie allemande est le moteur de la zone euro. Cette situation accroît considérablement la pression sur le système de la monnaie unique euro, reposant sur un taux de change fixe des monnaies nationales de 19 Etats membres, libellées en euro depuis 1999-2002.

Le marché immobilier européen sera la prochaine victime de la hausse des taux d’intérêt et de la baisse du pouvoir d’achat des classes moyennes.

Une première mesure à court terme à prendre par les États est de réduire significativement la part des taxes sur l’énergie et les carburants, ce qui réduirait les dépenses des classes populaires et moyennes en matière de transport et de chauffage. Une deuxième mesure à prendre rapidement est d’alléger les contraintes administratives et fiscales qui pèsent sur les entreprises agricoles, afin d’accroître la production et de faire baisser les prix des denrées alimentaires. Une troisième mesure à prendre est d’alléger les contraintes pesant sur la rentabilité des entreprises industrielles. L’industrie doit retourner en Europe. Les Etats européens doivent mener des politiques industrielles volontaristes et s’affranchir du dogme de la libre concurrence prôné par la Commission de Bruxelles. Les États-Unis, la Chine et la Russie n’ont aucun scrupule à subventionner massivement leurs industries nationales.

Enfin, d’importantes réformes économiques et budgétaires sont nécessaires dans la zone euro, dont les 19 États membres ont la même monnaie mais 19 économies différentes, 19 budgets différents et 19 systèmes fiscaux différents. L’harmonisation de la fiscalité est essentielle, autant que la réindustrialisation de l’Europe.

Les difficultés économiques et sociales devraient être plus fortes en Europe qu’aux Etats-Unis dans les mois à venir, car l’Europe n’est pas indépendante énergétiquement, à l’inverse des Etats-Unis. L’Europe importe la majorité de son gaz et de son pétrole de pays membres des BRICS ou alliés aux BRICS. Ces pays exportateurs, après les vagues de sanctions occidentales depuis 2014, craignent désormais de placer leurs actifs financiers en Europe, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Les obligations du Trésor d’Etats occidentaux ne les intéressent plus. Dès lors, le statut du dollar comme instrument d’échange pour l’achat de pétrole est en sursis, ce que d’ailleurs confirment les initiatives monétaires des BRICS et de leurs alliés depuis 2022.

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En conclusion, étant donné la situation actuel en termes d’inflation, de marché de l’énergie, de multipolarité monétaire et géopolitique du monde, les actifs semblant les plus solides sont l’or et l’argent physiques, les obligations d’Etats asiatiques comme Singapour (n°1), Japon (n°2), Corée du Sud (n°3), Hong Kong (n°4).

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