Par Swann Collins, investisseur, écrivain et consultant en affaires internationales – Eurasia Business News, le 3 août 2022

Sous la pression de Bruxelles et de Kiev, la Suisse a annoncé l’interdiction d’importer de l’or venant de Russie sur son territoire. Cette nouvelle barrière va réduire l’offre d’or sur le marché européen, ce qui devrait tirer à la hausse le prix de l’once d’or. Photo : lingot d’or russe de 12,279 kg, produit en 2022.
Les autorités suisses ont imposé un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, interdisant les importations d’or en provenance de Russie, a annoncé le conseil fédéral suisse dans un communiqué. Une telle interdiction était réclamé par Bruxelles et Kiev depuis plusieurs mois.
Selon le communiqué, à partir du 3 août, une « interdiction d’achat, d’importation ou de transport d’or et de produits en or en provenance de Russie » entre en vigueur.
« Tous les services liés à ces biens sont également interdits », indique le communiqué.
La Suisse a également imposé des sanctions à l’égard de la banque publique russe Sberbank, gelant ses avoirs financiers sur le territoire suisse.
Quatre grandes usines de raffinage de l’or sont situées en Suisse, traitant collectivement les deux tiers du volume mondial. La Suisse a été le dernier pays européen à continuer d’importer de l’or russe. Pour le mois de juin, 3 tonnes d’or en provenance de la Fédération de Russie ont été livrées en Suisse.
De nouvelles dérogations sont prévues afin de garantir la liquidation ordonnée d’opérations ou la vente de filiales de la Sberbank. L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a annoncé avoir prolongé jusqu’au 1er septembre les mesures ordonnées à l’encontre de Sberbank (Suisse), filiale helvétique du géant bancaire russe. Il s’agit de mesures conservatoires visant à protéger les créanciers de la banque russe. Elles comprennent un report des obligations découlant des dépôts ainsi qu’une large interdiction de paiement et de transaction.
Le 29 juillet 2022, le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) avait déjà ajouté 54 personnes et 9 entreprises et entités à la liste suisse des personnes et entités sanctionnées dans le contexte de la guerre en Ukraine, qui correspond ainsi intégralement à celle de l’UE.
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Le texte de la déclaration indique qu’« aucune des sanctions imposées à la Russie n’est dirigée contre le commerce de produits agricoles et alimentaires entre des pays tiers et la Russie ». Le gouvernement suisse a ajouté que, comme l’UE, il a fait deux exceptions pour les opérations liées à ces produits et au transport de pétrole vers des pays tiers.
Cela laisse entendre que l’or russe pourra être utilisé pour payer des produits agricoles, alimentaires et pétroliers en provenance de Russie. Moscou refuse en effet les paiements en euros et en dollars depuis les sanctions de Bruxelles et de Washington prises contre ses réserves monétaires en mars dernier. En représailles, Moscou a demandé le paiement de ses exportations en rouble russe ou en or.
Le 21 juillet, l’Union européenne a introduit un nouveau paquet de mesures restrictives contre la Russie en raison des événements en Ukraine. Le nouvel ensemble de sanctions comprenait, en particulier, une interdiction « de l’importation, de l’achat ou du transfert directs et indirects d’or, qui est l’élément le plus important des exportations russes après les ressources énergétiques ».
Lors du G7 organisé le 28 juin dans le sud de l’Allemagne, les dirigeants des Etats membres de ce groupe informel avait déjà discuté de la possible interdiction des importations d’or russe.
Cependant, les principaux acheteurs d’or russe sont actuellement en Asie et au Moyen-Orient. Il est peu probable que ces nouvelles sanctions soient plus efficaces que les précédentes, déjà critiquées pour leur inefficacité et le blocage des négociations qu’elles entraînent.
Cette nouvelle barrière à l’accès de l’or en provenance de Russie va réduire l’offre du précieux métal sur les marchés européen et américain. Dans un contexte de forte inflation en Europe et aux Etats-Unis depuis septembre 2021, l’or fait pourtant l’objet d’une forte demande, les investisseurs cherchant à protéger leur pouvoir d’achat face à l’érosion mensuelle causée par l’inflation. Les prix de l’or devraient réagir à la hausse sur les semaines à venir.
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