Par Paul Jouvenet, juriste et essayiste. Eurasia Business News, le 20 août 2023

Dans deux jours commencera le XVe sommet des dirigeants des pays BRICS, organisé cette année dans la ville de Johannesburg en Afrique du Sud. La réunion réunira non seulement des chefs d’Etat, mais aussi des diplomates et une grande communauté d’affaires: parallèlement aux questions géopolitiques, il est prévu de discuter d’un large éventail de coopération économique. Les représentants de 34 Etats ont confirmé leur participation. L’une des principales questions est de savoir quels États rejoindront la communauté des BRICS dans un proche avenir et quelles annonces seront faites concernant le système financier et monétaire promu par les BRICS.

Les dirigeants des pays BRICS et les partenaires du groupe se réuniront pour le XVe sommet à compter du 22 août, dans la ville de Johannesburg. Les réunions des représentants de la plus grande association des émergents dureront trois jours, jusqu’au 24 août. Les représentants de 34 pays du Sud, dont l’Iran, l’Argentine, la Turquie, l’Algérie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Biélorussie, ont déjà confirmé leur participation au sommet.

En marge du sommet politique, un certain nombre d’événements d’affaires sont prévus avec la participation de représentants de l’Afrique du Sud et des pays BRICS, ainsi que de la Banque de développement des BRICS, institution dirigée par la brésilienne Dilma Rousseff, proche du président brésilien Lula Da Silva. Le XVe sommet se tiendra au principal lieu d’affaires de Johannesburg – dans le centre d’exposition Sandton.

Le programme du Sommet

Le slogan du XVème Sommet est « BRICS et Afrique : Partenariat pour l’accélération mutuelle de la croissance, le développement durable et le multilatéralisme inclusif ». Officiellement, le programme des réunions n’a pas encore été présenté, mais il a déjà été indiqué que les thèmes centraux du sommet seront les critères d’adhésion aux BRICS, ainsi que le renforcement des monnaies locales des Etats membres face au dollar et le développement d’un système de paiement commun alternatif au système SWIFT.

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Le 13 avril, lors de sa première visite d’Etat en Chine depuis son entrée en fonction en janvier, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a proposé de choisir une monnaie alternative au dollar pour le commerce entre les pays des BRICS.

Lula da Silva déclara que d’autres pays pourraient être plus actifs dans l’utilisation de leurs propres devises dans le commerce, sans utiliser le dollar.

« Qui a décidé que c’était le dollar qui deviendrait la monnaie pour les règlements après l’or ? Pourquoi pas le yen, pourquoi pas le vrai, pourquoi pas le peso ? Parce qu’autrefois, nos monnaies étaient faibles et n’avaient aucune valeur dans d’autres pays », avait-t-il déclaré.

Plus tôt, la Banque centrale du Brésil a annoncé la signature d’un accord avec la Banque centrale chinoise sur la conversion directe des devises des deux pays lors de transactions commerciales, sans la médiation du dollar.

Surfant sur le mouvement de dé-dollarisation et de remise en cause de l’hégémonie du dollar, le président Lula veut créer une monnaie commune pour promouvoir le commerce en Amérique latine. Cette monnaie attendue, le SUR (« le Sud ») n’a pas vocation à remplacer les monnaies des pays d’Amérique latine. Elle serait un complément pour les flux commerciaux et financiers du sous-continent.

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La formation d’un nouvel ordre mondial plus juste et plus équilibré qui offre aux États du monde de nombreuses opportunités de coopération sur une variété de questions est l’objectif principal des BRICS, que les participants affirment depuis plusieurs années et qu’ils approchent progressivement. Les BRICS promeuvent la multipolarité, qu’ils considèrent conformes au principe du multilatéralisme inscrit dans la Charte des Nations-Unies du 26 juin 1945.

Les BRICS cherchent à renforcer les liens, à partager leurs expériences et à promouvoir des modèles de développement économique adaptés aux défis et aux opportunités uniques des économies émergentes et en développement. Le modèle occidental promu par le FMI a laissé de mauvais souvenirs à de nombreux Etats. De nombreux pays africains, ainsi que des pays d’Amérique latine et du Moyen-Orient, veulent alors rejoindre le bloc des BRICS dans l’espoir de s’affranchir de l’influence du G7.

La coopération entre les pays membres des BRICS apporte des avantages tangibles à l’Afrique du Sud grâce à des projets dans des domaines clés : science, innovation, énergie, santé et éducation. Le partenariat a un effet positif sur le développement des infrastructures, du commerce et des investissements en Afrique, ainsi que sur les opportunités touristiques.

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Les BRICS pourraient faire figure de G7 des pays émergents et du Sud Gloal et changer l’ordre mondial en promouvant la multipolarité et le multilatéralisme. Le plus important n’est pas l’expansion des BRICS, mais l’influence croissante des décisions du groupe sur l’économie mondiale et le renforcement de sa voix dans le cadre sur la scène financière internationale, grâce notamment la Nouvelle Banque de Développement établie en 2015, face au FMI et à la Banque Mondiale. La banque des BRICS a déjà financé 98 projets de développement d’infrastructures d’une valeur totale de 33 milliards de dollars depuis 2015. L’attractivité des BRICS en tant que « force d’équilibrage dans les affaires mondiales » est aujourd’hui à un niveau sans précédent.

D’ici 2030, les BRICS pourraient représenter ensemble 50% du PIB mondial.

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Parmi les 34 pays dont les délégations seront présentes au XVe sommet des BRICS figurent les plus grands dirigeants régionaux des continents. Il s’agit de l’Argentine, du Venezuela et de la Bolivie pour l’Amérique du Sud. Les dirigeants de l’Arabie saoudite, de la Turquie, des Émirats arabes unis et de l’Iran viendront représenter les principales puissances du Moyen-Orient. Outre l’Égypte et l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal, et l’Éthiopie seront représentés. Outre l’Inde et la Chine, membres fondateurs des BRICS, l’Asie sera représentée par l’Indonésie, la Malaisie, le Cambodge, la Thaïlande et Fidji. Une délégation de l’ONU a également confirmé sa participation à l’événement, a annoncé le porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, Farhan Haq.

La Russie, membre fondateur des BRICS, sera représentée à ce XVe sommet par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (il viendra à la réunion en personne) et le président Vladimir Poutine, qui participera au sommet par vidéoconférence. Pour la première fois, une délégation du Bélarus assistera à l’événement. 

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Le président français Emmanuel Macron, qui avait exprimé à plusieurs reprises le désir d’assister à ce sommet des BRICS, n’a pas reçu d’invitation.

De nombreux candidats à l’adhésion

L’Iran, l’Argentine et l’Algérie ont demandé à rejoindre le bloc en 2022 et, au cours de l’année écoulée, des demandes d’adhésion aux BRICS ont été annoncés par environ 20 autres pays – les acteurs régionaux les plus importants sur tous les continents. Parmi les pays candidats figurent des membres de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), à savoir le Bélarus et le Kazakhstan, Etats proches de la Russie et de la Chine. Cependant, personne ne sait encore quels pays rejoindront les BRICS en 2023 ou en 2024.

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