Par Paul Jouvenet, juriste et essayiste. Eurasia Business News, 24 août 2023

À compter du 1er janvier 2024, six nouveaux États membres rejoindront les BRICS, dont l’Argentine, l’Iran et l’Arabie saoudite. Suite aux résultats du sommet des BRICS en Afrique du Sud, auquel le président russe Vladimir Poutine a participé par liaison vidéo, il a été noté que d’autres phases de l’expansion de l’organisation suivraient dans les années à venir.

Les dirigeants de la Russie, du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud réunis au XVe sommet des BRICS à Johannesburg ont convenu aujourd’hui d’élargir l’association interétatique des BRICS de cinq à 11 membres.

« Nous avons décidé d’inviter à nous rejoindre l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis à devenir membres à part entière des BRICS », a annoncé le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet.

Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Argentine, l’Égypte et l’Éthiopie sont officiellement invités pour adhérer aux BRICS. L’adhésion à part entière des nouveaux États membres du groupe commencera le 1er janvier 2024.

« Suite aux résultats du 15e sommet des BRICS, les dirigeants des BRICS ont eu l’occasion de s’entretenir au cours des deux dernières années […] et à la suite de ces négociations, nous sommes convenus de l’adoption de la Déclaration de Johannesburg. Cette déclaration, qui couvre une grande variété de questions qui ont été présentées aux dirigeants, sur lesquelles des négociations ont été menées pendant près d’un an, < … > et en conséquence, nous avons adopté ce document », a déclaré le président sud-africain.

Les cinq pays BRICS se sont mis d’accord sur des lignes directrices, des normes, des critères et des procédures pour élargir l’association. « Nous sommes parvenus à un consensus sur la première phase de cette expansion. Elle sera suivie d’autres étapes. Nous avons décidé d’inviter la République argentine, la République arabe d’Égypte, la République fédérale démocratique d’Éthiopie, la République islamique d’Iran, le Royaume d’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à devenir membres à part entière des BRICS », a ajouté Cyril Ramaphosa.

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Le président russe Vladimir Poutine a noté quant à lui que l’adoption de cette décision n’a pas été facile, ainsi que la coordination de la déclaration finale des BRICS dans leur ensemble.

« Je dois noter que ce travail n’a pas été facile. Le président Ramaphosa a fait preuve d’un talent diplomatique incroyable dans la coordination de toutes les positions, y compris celles liées à l’expansion des BRICS », a déclaré le président russe, par liaison vidéo.

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Le Premier ministre indien Narendra Modi a salué la décision d’admettre de nouveaux membres dans les BRICS. « L’expansion va nous donner une nouvelle dynamique […]. Cela renforcera la confiance des pays dans le nouvel ordre mondial », a-t-il déclaré.

Le 23 août, les BRICS se sont mis d’accord sur le plan d’expansion. Ils ont annoncé leur choix final de nouveaux États membres aujourd’hui, le 24 août.

Le 22 août, le sommet des BRICS s’est ouvert à Johannesburg (Afrique du Sud). Il s’agit du XVe forum du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, où la coopération entre les pays dans les domaines géopolitique et économique est discutée. Des représentants d’environ 70 États y ont été invités, plus de 40 ont confirmé leur participation. La plupart d’entre eux sont des pays africains, ce qui est logique, compte tenu du thème du sommet « BRICS et Afrique : Partenariat pour une croissance accélérée commune, un développement durable et un multilatéralisme inclusif ».

Les cinq leaders des BRICS ont également adopté une déclaration finale à ce XVe sommet de 26 pages, portant sur 94 points. Parmi les point adoptés figurent le rappel de l’attachement à un multilatéralisme inclusif, dans l’esprit de la Charte des Nations-Unies ou la préoccupation envers le recours à des “mesures coercitives unilatérales” comme outil diplomatique.

Les BRICS considèrent ce recours comme incompatible avec les principes de la Charte des Nations Unies et comme source d’effets négatifs notamment dans le monde en développement. Les BRICS réaffirment leur engagement à améliorer et améliorer la gouvernance mondiale “en promouvant une gouvernance plus agile, efficace, efficiente, système international et multilatéral représentatif, démocratique et responsable.”

Par leur Déclaration finale les BRICS appellent également à une plus grande représentation des marchés émergents et des pays en développement pays, dans les organisations internationales et les forums multilatéraux dans lesquels ils jouent un rôle rôle important. Ils renouvellent leur appel à une réforme du Conseil de sécurité des Nations-Unies, dotés de cinq membres permanents avec droit de veto. L’Inde et le Brésil souhaiteraient obtenir un siège permanent chacun, afin de prendre en compte la nouvelle distribution de la puissance depuis 1945. La Chine et la Russie, membres permanents depuis 1945, les soutiennent en ce sens.

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Les BRICS pourraient devenir le G7 des pays émergents et des pays du Sud et changer l’ordre mondial en promouvant la multipolarité et le multilatéralisme. Le plus important n’est pas l’expansion des BRICS, mais l’influence croissante des décisions du groupe sur l’économie mondiale et le renforcement de sa voix sur la scène financière internationale, grâce notamment à la Nouvelle Banque de Développement créée en 2015, face au FMI et à la Banque mondiale. La banque BRICS a déjà financé 98 projets de développement d’infrastructures d’une valeur totale de 33 milliards de dollars depuis 2015. L’attractivité des BRICS en tant que « force d’équilibrage dans les affaires mondiales » est maintenant à un niveau sans précédent.

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D’ici 2030, les BRICS pourraient représenter ensemble 50% du PIB mondial et environ 45% de la population. Les nouvelles adhésions prévues en janvier 2024 aideront à atteindre ces chiffres.

Le prochain sommet des BRICS aura lieu en Russie à Kazan, en octobre 2024.

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