Par Jean Landemer, correspondant à Erevan, pour Eurasia Business News – le 30 septembre 2023

Une colonne de réfugiés arméniens du Haut-Karabakh en direction de la frontière arménienne, le 29 septembre 2023. Crédits photo : source locale.

Le gouvernement arménien a annoncé l’évacuation à ce jour de plus de 100 000 personnes du Haut-Karabakh, fuyant les forces armées de l’Azerbaïdjan.

« À l’heure actuelle, 100 417 personnes déplacées de force sont entrées en Arménie depuis le Haut-Karabakh », a déclaré samedi la porte-parole du Premier ministre arménien, Nazeli Baghdaryan, lors d’un point de presse.

Selon les données officielles, environ 120 000 Arméniens vivaient dans le Haut-Karabakh en 2023. Ils étaient 150 000 en 2015.

L’ancien médiateur du Haut-Karabakh, Artak Beglayan, a déclaré sur sa chaîne Telegram qu’il restait un maximum de plusieurs centaines de personnes au Karabakh, « dont la plupart sont des fonctionnaires, des secouristes, des volontaires, des personnes ayant des besoins spéciaux qui se préparent également à partir ».

Un centre humanitaire a été établi dans le village de Kornidzor, près du corridor de Latchine reliant l’Arménie et le Haut-Karabakh. Les civils qui n’ont pas de lieu de résidence prédéterminé sont logés par le gouvernement arménien.

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a déclaré plus tôt que « l’exode des Arméniens du Haut-Karabakh à la suite de la politique de nettoyage ethnique de l’Azerbaïdjan se poursuit ». « Une analyse de la situation montre qu’il n’y aura plus d’Arméniens dans le Haut-Karabakh dans les prochains jours », a déclaré Pashinyan.

Il a également déclaré que chaque réfugié de l’Artsakh, quel que soit son âge, recevra 100 000 drams (environ 254 dollars).

En septembre, l’armée azerbaïdjanaise a lancé une vaste invasion contre la République du Haut-Karabakh, désignée aussi sous le nom d’Artsakh, indépendante des autorités de Bakou depuis la fin des années 1980. La première guerre du Haut-Karabakh entre 1991 et 1994, remportée par les arméniens, leur permit de retrouver leurs terres, confisquées lors de l’exode forcé et du génocide commis par les Turcs entre 1915 et 1916. Mais en septembre 2020, le régime du cessez-le-feu négocié en 1994 fut rompu par l’Azerbaïdjan, armé par la Turquie. La guerre entre l’Artsakh et l’Azerbaïdjan reprit alors. Bakou parvint à reprendre le territoire précédemment perdu en 1994, avant qu’un autre cessez-le-feu ne soit conclu et que la Russie accepte d’envoyer une force de maintien de la paix.

Au cours de cette deuxième guerre du Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan prit le contrôle de nombreux territoires, y compris plusieurs églises et monastères anciens, qui sont fondamentaux pour l’identité et la culture arméniennes. Ces lieux de culte du christianisme arménien, remontant à au début du IVe siècle de l’ère chrétienne, ont été démantelés depuis par les autorités de l’Azerbaïdjan, en violation du droit international.

A partir de décembre 2022, les forces armées de l’Azerbaïdjan ont mené le blocus du corridor de Latchine, seule voie de ravitaillement de la République enclavée du Haut-Karabakh. Durant des mois, 120 000 Arméniens, femmes, personnes âgées et enfants ont vécu enfermés dans des bunkers, réfugiés dans des églises ou des hôpitaux, alors que leurs habitations étaient ciblées par les tirs des militaires azéris.

L’invasion par l’Azerbaïdjan s’accompagne d’un exode massif de 100 000 arméniens fuyant le nettoyage ethnique par l’occupant, qui a commencé à détruire des églises, croix et cimetières chrétiens arméniens. De nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant des militaires azéris détruire des maisons, appartements et biens de civils arméniens ayant fui. La fuite de ces 100 000 réfugiés sous la menace armée et les discriminations par le gouvernement de l’Azerbaïdjan est constitutif de crime de guerre en application du droit international public.

Lire aussi : Le dirigeant arménien Ruben Vardanyan arrêté au Karabakh par les forces azéris

La population du Karabakh était estimée à environ 120 000 personnes au début de l’année 2023. Elle s’élevait à 150 000 personnes lors du recensement en 2015. Le 27 septembre, les autorités arméniennes avaient signalé que jusqu’à 47 000 Arméniens avaient déjà quitté la région. Ce chiffre a franchi les 100 000 le 29 septembre. En juillet, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, en poste depuis 2003, avait annoncé que Bakou prévoyait de réinstaller plus de 150 000 Azerbaïdjanais dans le Haut-Karabagh en trois ans, à la place des Arméniens.

Notre communauté compte déjà près de 110 000 membres.

Inscrivez-vous pour recevoir nos articles exclusifs.

Pour recevoir du contenu premium, abonnez-vous, c’est seulement 14,99€/mois.

Inscrivez-vous pour recevoir nos derniers articles et ne manquez rien de l’actualité internationale !

Me prévenir lorsqu’un nouvel article est publié :

Suivez-nous sur TelegramFacebook et Twitter

© Copyright 2023 – Eurasia Business News