Par Paul Jouvenet, juriste, essayiste et analyste financier. Eurasia Business News, le 16 février 2024

Le nouveau gouvernement argentin dirigé par le Président Javier Milei a confirmé auprès de la Russie qu’il n’avait pas l’intention de rejoindre les BRICS et qu’il resterait en dehors de l’association, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, lors d’une conférence de presse. La Russie assume pour l’année 2024 la présidence tournante des BRICS.

« En ce qui concerne l’Argentine, il est vrai que le nouveau gouvernement de ce pays nous a officiellement notifié, ainsi qu’à d’autres membres des BRICS, qu’il n’a pas l’intention de profiter de l’invitation formulée par les dirigeants à Johannesburg », a-t-il déclaré.

Selon lui, les BRICS « ne dramatisent pas » cette situation, l’invitation à l’Argentine n’a pas été retirée et reste en vigueur.

« Nous verrons comment se déroule le développement, y compris le développement des BRICS eux-mêmes, et quelles conclusions nos collègues argentins en tireront », a déclaré M. Ryabkov.

Fin décembre 2023, le président argentin Javier Miley, dans des lettres officielles adressées aux dirigeants des pays membres des BRICS, a confirmé le refus du pays d’adhérer à l’association. Refuser d’adhérer aux BRICS était l’une de ses promesses de campagne.

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La ministre argentine des Affaires étrangères, Diana Mondino, a qualifié la décision de partiellement idéologique. Selon elle, l’Argentine a l’intention de se concentrer sur le développement des relations avec les « démocraties libérales » – les États-Unis, l’Union européenne et le Canada.

Les BRICS et leurs alliés réunissent à eux seuls la majeure partie des ressources en pétrole, gaz, métaux rares, céréales et eau. Les BRICS constituent 40% de la population mondiale. Leur poids économique combiné en 2015 équivalait à près d’un tiers du produit intérieur brut mondial en termes de parité de pouvoir d’achat. D’après les prévisions, d’ici 2030, les BRICS pourraient représenter 45% du PIB mondial. Les BRICS avaient un PIB combiné en 2022 de 25 916 milliards de dollars, soit près de 30% du PIB mondial, parité avec le G7. Leur influence sur la scène internationale va croissante, qui contraint à étudier les conditions de leur ascension.

Actuellement deux leaders se détachent au sein des BRICS, à savoir la Chine, grande puissance économique et la Russie, grande puissance militaire et énergétique. L’Inde équilibre la relation entre Moscou et Pékin, ayant le plus fort dynamisme économique, la première population au monde et de vastes ressources agricoles. Ce triangle Moscou / New Delhi / Pékin constitue le socle des BRICS. L’Afrique du Sud et le Brésil, dont les économies sont moins dynamiques, jouent le rôle essentiel d’ailiers des BRICS sur les continents extérieurs à l’Eurasie, séparés par les océans, et diffusent leur puissance commerciale et financière.

Lors de leur XVe sommet tenu à Johannesburg du 22 au 24 août 2023, les BRICS prirent la décision d’inviter six nouveaux Etats membres à adhérer à compter de janvier 2024 : l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. L’Arabie saoudite et l’Iran sont des producteurs majeurs de pétrole, comme la Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde. Un tel élargissement place les BRICS comme forum d’Etats contrôlant entre 35% et 40% de la production pétrolière mondiale.

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