Par Eurasia Business News – le 11 décembre 2020

Le vaccin Pfizer / BioNTeach fait partie des vaccins candidats à une autorisation européenne pour lancer la vaccination début 2021. Image : Oculaires de microscope – Crédits photo : Pixabay.
Des cyberespions ont accédé à la documentation déposée devant l’Agence européenne du médicament (EMA) par les entreprises pharmaceutiques Pfizer et BioNTech sur leur vaccin contre la Covid-19.
L’intrusion dans les serveurs de l’Agence européenne fait partie d’une série d’efforts de la part d’acteurs malveillants pour s’emparer de données scientifiques à forte valeur financière dans le contexte pandémique actuel. Les auteurs de cet acte restent inconnus.
L’Agence européenne du médicament (Europeans Medicine Agency – EMA), Pfizer et BioNTech ont reconnu l’attaque mais ne communiquent aucun détail pendant que l’affaire est étudiée par les enquêteurs.
L’Agence, basée à Amsterdam depuis 2019 en raison du Brexit, a publié le 9 décembre une brève déclaration :
« L’EMA a fait l’objet d’une cyberattaque. L’Agence a rapidement ouvert une enquête approfondie, en étroite coopération avec les forces de l’ordre et d’autres entités concernées.
L’EMA ne peut pas fournir de détails supplémentaires pendant que l’enquête est en cours. De plus amples informations seront disponibles en temps voulu. »
Pfizer et BioNTech, les entreprises pharmaceutiques à l’origine d’un projet de vaccin appelé BNT162b2 (autorisé notamment pour une utilisation d’urgence au Royaume-Uni), ont également publié une déclaration, ajoutant que leurs systèmes informatiques restent sécurisés ainsi que les données personnelles collectées lors d’essais sur des patients.
Le communiqué a précisé que les intrus avaient «accédé illégalement» aux documents d’approbation des vaccins stockés sur le serveur de l’Agence européenne du médicament et « qu’aucun système BioNTech ou Pfizer n’a été violé en lien avec cet incident ».
Plus important encore, les parties ont assuré que l’intrusion dans les serveurs ne ralentirait pas l’examen par l’Agence du vaccin candidat à la distribution.
Le Royaume-Uni quant à lui a déjà délivré le 2 décembre une autorisation d’urgence pour le vaccin BioNTech-Pfizer et a commencé son programme de vaccination.
Les régulateurs de l’Union européenne et des États-Unis n’ont pas encore approuvé de vaccin, attendant les résultats d’études scientifiques indépendantes. En application du droit européen, l’Agence européenne du médicament doit approuver tout nouveau vaccin avant une utilisation au sein de l’Union, bien que des procédures d’urgence puissent être utilisées par les États membres pour introduire des vaccins sur une base temporaire.
Jusqu’à présent, la Chine, la Russie et le Royaume-Uni ont lancé des campagnes de vaccination de masse. Les deux premiers Etats utilisent leurs propres vaccins développés tandis que le Royaume-Uni a été le premier à déployer le vaccin développé par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech.
Les vaccins COVID-19 ciblés
La montée de la pandémie COVID-19 a été une opportunité pour les cyberespions et cybercriminels. Qu’il s’agisse de campagne de « phishing » reposant sur la Covid-19 et messages plus ciblés visant les organisations du secteur de la santé, de la pharmacie et de la recherche, les cyberattaques et le cyberespionnage sont en croissance.
À la fin du mois de juillet, le Département américain de la Justice a accusé des hackers chinois d’espionner l’entreprise de biotechnologies Moderna dans le but de «faire une reconnaissance» sur les recherches relatives au vaccin contre la covid-19.
Une fois le développement d’un vaccin arrivé au stade de la fabrication, des acteurs malveillants ont poursuivi leurs efforts pour dérober les résultats de mois de recherche.
Ainsi, l’entreprise indienne Dr Reddy’s Laboratories, fabricant de vaccins, engagé pour produire le vaccin russe Spoutnik V contre la COVID-19 a été contraint de fermer des usines en Inde, en Russie, au Royaume-Uni et aux États-Unis après une cyberattaque à la mi-octobre.
Espionnage industriel
Cette cyberattaque contre les serveurs de l’Agence européenne du médicament n’est qu’un rappel de la valeur des données sur le vaccin COVID-19 pour le monde et de la compétition derrière le développement de vaccins, qui motive certaines organisations à mener de l’espionnage industriel au moyen des outils du cyberespace, dans un but financier.
À l’ère du numérique, le cyberespionnage ciblant les secrets commerciaux, industriels et scientifiques des entreprises, centres de recherche et laboratoires accroît considérablement la menace portée par l’espionnage économique traditionnel. Les entreprises et organismes scientifiques sont trop souvent insuffisamment protégés contre ces menaces.
L’infection au coronavirus de type 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) et la maladie à coronavirus qui en résulte 2019 (Covid-19) ont touché des dizaines de millions de personnes depuis décembre 2019, donnant lieu à une pandémie mondiale. Dans ce contexte, des vaccins sûrs et efficaces sont vus comme une solution pour contenir la pandémie, qui a eu des conséquences médicales, économiques et sociales dévastatrices.
Pour en savoir plus : Comment protéger votre entreprise contre les cybermenaces ?
Lire aussi : Les Etats face à l’espionnage dans le cyberespace
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