Par Paul Jouvenet, juriste et essayiste. Eurasia Business News, le 30 novembre 2023

L’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger discutant de la guerre du Vietnam lors d’une conférence à la bibliothèque présidentielle Lyndon B. Johnson à Austin, Texas, en avril 2016.
L’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger est mort dans la soirée du 29 novembre à l’âge de cent ans, dans sa résidence du Connecticut. Le cabinet Kissinger Associates a annoncé la nouvelle.
Théoricien influent de la politique internationale, Kissinger a été secrétaire d’État pendant la présidence de Richard Nixon (1969-1974). C’est au cours de cette période que les États-Unis et la Chine communiste ont établi des relations, afin d’isoler l’URSS. Les négociations secrètes menées par Kissinger en 1971 ont conduit à la visite historique de Richard Nixon à Pékin et à la normalisation des relations entre les États-Unis et la Chine.
Henry Kissinger naît le 27 mai 1923 dans la ville allemande de Fürth. Il grandit dans une famille juive religieuse. À sa naissance, il reçoit le nom de Heinz Alfred Kissinger, qu’il change en Henry Kissinger aux États-Unis : en 1938, sous la menace des persécutions nazies, la famille s’enfuit aux États-Unis et s’installe à New York. Ses parents subissent cet exil tandis qu’il s’efforce de s’intégrer dans son nouveau pays.
Après le lycée, le jeune Kissinger entre au City College de New York, et immédiatement après l’université en 1943, il est enrôlé dans l’armée américaine. Ses capacités intellectuelles sont repérées par des officiers, qui considèrent comme très utile sa maîtrise parfaite de l’allemand. La même année, il devient citoyen américain. Kissinger sert en Europe en tant qu’interprète militaire puis comme officier de renseignement : en juin 1945, il est nommé commandant d’une unité du corps de contre-espionnage dans la région de Bergstrasse en Hesse. Il coordonne des enquêtes contre d’anciens nazis et exerce même l’autorité civile dans une petite ville. En 1946, Kissinger est transféré comme enseignant à l’école de renseignement du commandement des forces armées américaines, située à Camp King, Oberursel. En 1947, il retourne à New York.
En 1954, Kissinger obtient un doctorat en sciences politiques de l’Université Harvard. Le sujet de sa thèse devint le sujet de son premier livre : A Restored Peace : Metternich, Castlereagh, and the Problems of the Peace Period 1812-1822. Après la soutenance, il continue à travailler à l’université en tant qu’enseignant. Henry Kissinger dirige le programme de recherche sur la défense, lancé en 1954, dans le cadre duquel il conseille les plus hauts responsables de l’État : les militaires et les politiciens de Washington.

Sur la photo : le président américain Richard Nixon rencontre Henry Kissinger le 13 mai 1973 à Washington.
En 1957, Kissinger devient professeur d’affaires gouvernementales et internationales à l’université de Harvard. Dans le même temps, son livre « Armes nucléaires et politique étrangère » a été publié, dans lequel il propose une transition de la doctrine des représailles à une stratégie d’utilisation limitée des armes nucléaires, ou une stratégie de « réponse flexible ». Dans les années 1960, c’est cette doctrine qui s’est officialisée dans les activités de l’OTAN. Après sa publication, Kissinger commence à travailler au sein du gouvernement en tant qu’expert sur les questions de sécurité sous les présidents Eisenhower, Kennedy et Johnson. Kissinger devient consultant auprès des chefs d’état-major interarmées (1956-1960), du Conseil de sécurité nationale des États-Unis (1961-1962) et de l’Agence américaine de contrôle des armements et du désarmement (1965-1969).
Kissinger le diplomate

Sur la photo, de gauche à droite : le traducteur Viktor Sukhodrev, le secrétaire général du Comité central du PCUS Leonid Brejnev et le conseiller américain à la sécurité nationale Henry Kissinger à la ferme de chasse de Zavidovo, en URSS, dans la région de Kalinine. Du 4 au 9 mai 1973 (date exacte inconnue).
Kissinger était un fervent défenseur de l’amélioration des relations avec l’Union soviétique. Son dialogue avec les dirigeants soviétiques a déclenché le soi-disant processus de détente, qui a abouti aux premiers grands accords américano-soviétiques de contrôle des armes nucléaires. Après d’intenses négociations, Kissinger obtient la signature du premier accord entre l’URSS et les États-Unis sur la limitation des armes stratégiques offensives (SALT I) en 1972.
Le diplomate apporte en outre une contribution majeure au règlement des deux conflits israélo-palestiniens (en 1968 et 1973) en développant la « diplomatie de la navette » – des négociations bilatérales intensives entre Israël et les différents pays arabes. Grâce à ses efforts, à la fin de la guerre du Kippour (6-24 octobre 1973), deux accords d’armistice ont été signés et un accord a été conclu sur le retrait des troupes.

Le négociateur Le Duc Tho (qui a dirigé la délégation nord-vietnamienne aux pourparlers de paix) et Henry Kissinger au Centre international de conférences à Paris après la signature de l’accord de paix le 23 janvier 1973. (Archives INA France).
Kissinger et le Vietnam
Kissinger a aidé à mettre fin à la guerre du Vietnam. Le chemin vers la paix est long : le diplomate se rend au Vietnam pendant deux semaines en octobre-novembre 1965, puis dix jours de plus en juillet 1966, et une troisième fois pour quelques jours de plus en octobre 1966. C’est alors que de longues négociations commencent. Kissinger sert ensuite de médiateur entre Washington et Hanoï dans les discussions visant à rétablir la paix.
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Les États-Unis ne pouvaient pas simplement retirer leurs troupes, cela aurait été un aveu de défaite après les lourds investissements au Vietnam. Le crédit des Etats-Unis étaient aussi en jeu. Il s’agissait de ne pas abandonner purement et simplement les alliés du Sud-Vietnam. La guerre du Vietnam a été vivement critiquée dans la société américaine, et le président Nixon a dû y mettre fin, en raison de son coût politique mais aussi budgétaire. Les négociations qui ont commencé en 1969 étaient quadripartites : les États-Unis, le Nord-Vietnam, la République pro-américaine du Vietnam et le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam établi par Hanoï.
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Le 27 janvier 1973, à la suite de quatre années de négociations, les parties ont signé l’Accord de paix de Paris avec les conditions suivantes : dans les 60 jours, les troupes américaines doivent être retirées, les bases militaires doivent être liquidées et les parties doivent échanger des prisonniers de guerre. Les chefs des délégations américaine et nord-vietnamienne aux pourparlers, Henry Kissinger et Le Duc Tho, ont reçu le prix Nobel de la paix pour leur rôle dans la conclusion des accords de Paris. Le Duc Tho refusa de l’accepter, arguant qu’une paix véritable n’était jamais venue au Vietnam
De gauche à droite, le vice-président Nelson Rockefeller, le président américain Gerald Ford et Henry Kissinger discutent de la situation à Saigon, la capitale du Sud-Vietnam de 1955 à 1975, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 28 avril 1975.
En mars-avril 1975, la plus grande campagne terrestre de la guerre du Vietnam, menée par les forces de l’armée nord-vietnamienne, a eu lieu – l’offensive de printemps. L’armée nord-vietnamienne occupa la majeure partie du Sud-Vietnam, y compris la capitale Saigon, mettant fin à la guerre du Vietnam. En avril 1975, les États-Unis lancèrent l’opération Frequent Wind, l’évacuation de leur personnel diplomatique de Saïgon par voie aérienne.
Henry Kissinger a été nommé secrétaire d’État des États-Unis en 1973. Après le scandale du Watergate (1972-1974) et la démission du président Richard Nixon, il conserve son poste et reste conseiller du président Gerald Ford.
Kissinger et Taïwan
Le rôle de Kissinger dans les relations entre les États-Unis et la Chine constitue un aspect important de son héritage politique et diplomatique. On se souvient de lui comme d’un personnage controversé et ses actions ont eu un impact durable sur la région, notamment en ce qui concerne l’île de Taïwan. L’implication de Kissinger dans les négociations du communiqué de Shanghai et sur la question du statut de Taiwan a été un point de discorde. La question la plus controversée entre Pékin et Washington était le statut de Taiwan. Les opinions de Kissinger sur Taiwan ont fait l’objet de débats et ses actions ont été une source d’amertume à Taiwan. On se souvient de lui avec beaucoup moins d’affection à Taiwan, une démocratie insulaire autonome depuis 1949 sur laquelle Pékin revendique la souveraineté. Les remarques de Kissinger en 2019 et 2020 sur la probabilité d’une guerre à propos de Taiwan ont également attiré l’attention. L’expert des relations internationales considérait un conflit militaire comme probable, mais il pensait également que la trajectoire actuelle des relations devait être modifiée.
La Chine considère Taïwan comme son territoire, tandis que les autorités de l’île déclarent l’illégitimité des revendications de Pékin. Les États-Unis adhèrent à la politique d’une seule Chine, mais fournissent en même temps des armes à Taiwan. Le président américain Joe Biden a également déclaré que les États-Unis interviendraient si la Chine attaquait Taïwan.
Kissinger sur la Russie et Poutine
En 1988, en tant qu’émissaire du président Georges Bush, Henry Kissinger s’est rendu à Moscou, où il rencontra des dirigeants soviétiques. En 1994, le livre de Kissinger « Diplomatie » est devenu largement connu. Il y met en avant la thèse de la victoire morale de la démocratie sur le communisme, qui défie l’Occident.

Le président russe Vladimir Poutine, recevant Henry Kissinger au Kremlin, en 2004.
En juillet 2001, Kissinger participe au forum du Comité international olympique à Moscou. Au cours de cette visite, il rencontre Vladimir Poutine pour discuter de l’approfondissement de l’intégration de la Russie dans la communauté internationale. Kissinger et Poutine se sont rencontrés à plusieurs reprises : en 2006, 2013, 2016 et 2017.
Dans une interview de 2016, Kissinger a noté que Vladimir Poutine lui rappelait les héros de Dostoïevski : “Le président a un lien intérieur fort avec l’histoire russe et un calcul froid dans tout ce qui concerne l’avenir du pays. Nous n’avons jamais été confrontés à ce problème.”

Photo : Vladimir Poutine et Henry Kissinger, en 2016.
En mars 2014, Kissinger s’est exprimé publiquement à plusieurs reprises sur les relations entre l’Occident, la Russie et l’Ukraine. « La politique étrangère est l’art de fixer des priorités », a déclaré le politicien dans un entretien au Washington Post. Kissinger était convaincu que l’Ukraine devait être un pont entre la Russie et l’Occident.
Mais déjà en novembre de la même année, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Das Spiegel, Kissinger parla de l’erreur de l’Occident, qui avait sous-estimé l’importance de l’Ukraine pour la Russie : « L’Europe et les États-Unis n’ont pas compris la signification des événements qui ont commencé par des négociations sur les relations économiques entre l’Ukraine et l’Union européenne, puis ont abouti à des manifestations à Kiev (février 2014) », avait alors expliqué l’ancien secrétaire d’État.
Dans un entretien accordée au Handelsblatt en décembre 2015, Kissinger avait même déclaré :
“L’Occident doit comprendre qu’une solution pacifique [en Syrie et en Ukraine.] de certains problèmes sera impossible sans la participation de la Russie.” « Il n’y a pas d’ordre sans Russie », tel était le titre d’une interview accordée en 2019 au journal russe Rossiyskaya Gazeta. « Mais la Russie est un grand pays avec une grande histoire, et il m’est difficile d’imaginer un ordre international dans lequel la Russie ne figure pas parmi les principaux acteurs », avait-t-il déclaré.
L’influence de Kissinger sur la scène internationale
Kissinger était un membre de longue date du groupe Bilderberg (fondé en 1952), qui se compose d’environ 130 personnes influentes dans les domaines de la politique, des affaires, de la banque, ainsi que des dirigeants des principaux médias occidentaux. Kissinger a assisté à une réunion pour la dernière fois en 2019.
Bien que l’homme politique ait depuis plusieurs années cessé d’être un personnage public, il a constamment été publié en tant qu’expert en affaires internationales. Le 3 avril 2020, Kissinger a publié un article dans le Wall Street Journal intitulé « La pandémie de coronavirus changera à jamais l’ordre mondial », où il a souligné de manière prémonitoire le point de non-retour pour certaines forces et l’ouverture d’opportunités pour d’autres.
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Dans un article publié dans le magazine britannique The Spectator le 17 décembre 2022, l’influent praticien réaliste des relations internationales et ancien secrétaire d’Etat des Etats-Unis Henry A. Kissinger a présenté sa vision de la situation du conflit entre l’Ukraine et la Russie et comment les parties concernées peuvent éviter une troisième guerre mondiale.
Henry Kissinger déplorait dans cet article le faible recours à la diplomatie par les dirigeants étatiques au cours des guerres, et cite l’ouvrage de Philip Zelikow sur le sujet, portant sur la Grande Guerre de 1914-1918 : “The Road Less Traveled: The Secret Battle to End the Great War, 1916-1917“.
“Selon les termes du livre de Philip Zelikow, la diplomatie est devenue la route la moins fréquentée. La Grande Guerre a duré encore deux ans et a fait des millions de victimes supplémentaires, portant irrémédiablement atteinte à l’équilibre établi de l’Europe. L’Allemagne et la Russie ont été déchirées par la révolution ; l’État austro-hongrois a disparu de la carte. La France avait été saignée à blanc. La Grande-Bretagne avait sacrifié une part importante de sa jeune génération et de ses capacités économiques aux exigences de la victoire. Le traité punitif de Versailles qui a mis fin à la guerre s’est avéré beaucoup plus fragile que la structure qu’il a remplacée.”
Citant l’analyse faite par Philip Zelikow, Henry Kissinger veut faire comprendre au lecteur l’ampleur des risques à persister dans le refus de la voie de la diplomatie pour au contraire continuer un conflit armé lourd en pertes humaines et matérielles. Le praticien réaliste considère que le risque résultant du refus de la négociation est d’aboutir à un système politique international davantage affaibli, “traumatisé”, exposé à de nouveaux bouleversements, que celui résultant de négociations en cours de conflit.
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En mai 2022, prenant la parole au Forum économique mondial de Davos sur le thème de l’invasion russe de l’Ukraine depuis le 24 février 2022, Henry Kissinger a plaidé en faveur d’un règlement diplomatique qui rétablirait le statu quo ante bellum, cédant la Crimée et les territoires occupés de l’Ukraine à la Russie, en échanges de garanties. Kissinger avait alors exhorté les Ukrainiens à « égaler l’héroïsme dont ils ont fait preuve avec la sagesse », arguant que « poursuivre la guerre au-delà de ce point ne concernerait pas la liberté de l’Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait alors rejeté les suggestions de Kissinger, affirmant que l’Ukraine n’accepterait pas la paix tant que la Russie n’accepterait pas de rendre la Crimée et la région du Donbass à l’Ukraine.
Henry Kissinger avait présenté sa vision de la situation en Ukraine dans un entretien accordé au magazine britannique The Spectator, publié le 2 juillet. Il s’était à nouveau exprimé lors d’un entretien accordé à la journaliste américaine Laura Secor, spécialiste de l’Iran, publié le 12 août dans le Wall Street Journal. D’après l’ancien secrétaire d’Etat, les Etats-Unis sont au bord de la guerre avec la Russie et la Chine, en raison d’une politique étrangère erratique de Washington, menée sans but clair et sans homme d’Etat clairvoyant.
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Kissinger a exprimé en 2022 et 2023 son soutien à l’aide apportée à l’Ukraine face à la Russie. Il partageait l’idée de répondre aux actions de la Russie. Cependant, Kissinger s’inquiétait de la tendance à refuser la paix et à vouloir “écraser” la Russie, sur la base des frontières antérieures à février 2014, il y a près de neuf ans. L’expert des relations internationales appelait plutôt à penser au nouvel ordre politique international, issu de la guerre, et prenant en compte la nouvelle distribution de la puissance depuis 2008, afin de permettre la stabilité entre les grands Etats.
Kissinger et la Chine
Kissinger a effectué de nombreuses visites en Chine et rencontré plusieurs dirigeants chinois, contribuant au développement des relations entre Pékin et Washington. Son décès le 29 novembre a suscité une vague d’hommages de la part des responsables chinois et des médias d’État, le président chinois Xi Jinping ayant envoyé ses condoléances et qualifié Kissinger de « stratège de renommée mondiale et de bon et vieil ami du peuple chinois ». L’héritage de Kissinger en Chine est complexe, certains louant son rôle dans le rapprochement des deux nations, tandis que d’autres ont critiqué son approche de la question de Taïwan et ses liens avec le Parti communiste au pouvoir.

Photo : Henri Kissinger et Xi jinping, le président de la République populaire de Chine, se serrant la main le 20 juillet 2023 à Pékin.
Le 20 juillet 2023, le centenaire Henry Kissinger fut reçu en visite à Pékin par le président chinois Xi Jinping. Le but de ce voyage était de discuter avec les dirigeants chinois sur leurs pensées, pour mieux guider Washington dans sa relation difficile avec la puissance chinoise.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, le président chinois a noté la contribution de Kissinger au processus de normalisation des relations entre Pékin et Washington, « qui a non seulement profité aux deux pays, mais a également changé le monde », et a qualifié le politicien américain de « vieil ami » de la Chine.
Un théoricien réaliste des relations internationales
Kissinger a défini et analysé la diplomatie comme un exercice d’équilibre entre les grandes puissances, assombries depuis 1945 par le potentiel de catastrophe nucléaire et de destruction mutuelle. La capacité apocalyptique de la technologie moderne des armes, selon lui, fait du maintien de l’équilibre entre puissances hostiles, aussi difficile soit-il, un impératif primordial des relations internationales. L’ordre et la stabilité par l’équilibre des puissances est un principe fondamental de la théorie réaliste des relations internationales, dont les principaux théoriciens sont Hans Morgenthau, Raymond Aron, Kenneth Waltz, John Mearsheimer et bien sûr Henry Kissinger.

Henry Kissinger et Evgueni Primakov, deux “routiers” de la politique internationale, à Saint-Pétersbourg dans les années 2010 (date exacte incertaine). Le russe Primakov s’est éteint à Moscou le 26 juin 2015.
Conforme à la pensée réaliste des relations internationales, Henry Kissinger proposait de travailler sur une nouvelle structure internationale, garante d’ordre et de stabilité. Afin de préserver l’équilibre des puissances, Kissinger recommandait que la Russie ait une place dans ce nouvel ordre, comme une place avait été attribuée à la France après 1815, et à l’Allemagne après 1918 et 1945.
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Bien que Kissinger n’ait pas occupé de poste depuis 1977, il a conseillé pratiquement tous les présidents américains depuis Nixon. Son bilan et ses points de vue divisent profondément l’opinion, mais il est rarement ignoré. Son influence sur la politique étrangère des Etats-Unis est réelle.
L’approche de Kissinger en matière de politique étrangère, caractérisée par la pensée réaliste, a conduit à la mise en place d’une politique de détente avec l’Union soviétique et à l’ouverture de relations avec la République populaire de Chine. Son influence s’est étendue au-delà de sa fonction publique, et il a continué à offrir des conseils sur les relations entre les États-Unis et la Chine au fil des décennies.
Peu importe ce qu’on pense des actes d’Henry Kissinger lorsqu’il était conseiller à la sécurité nationale, il fait partie de ces monuments du XXe siècle, tant sa personne est liée aux années de la Guerre froide et aux affaires internationales après 1991. Après Primakov le 26 juin 2015 et Gorbatchev le 30 août 2022, Kissinger a quitté ce monde le 29 novembre 2023. Sa figure aura navigué durant un siècle entre ombre et lumières, des rues d’une petite ville allemande, persécuté dans les années 1930, aux palais présidentiels du monde à compter des années 1970, en passant par la guerre du Vietnam, les conférences publiques et les entretiens avec des journalistes et penseurs influents.
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