Par Anthony Marcus, correspondant pour Eurasia Business News, le 21 mars 2023

Photo : Le président chinois Xi Jinping, à gauche, entre aux côtés du président russe Vladimir Poutine le 21 mars 2023 dans une salle du Kremlin, afin d’y mener une réunion de travail.

Les 20 et 21 mars, le président russe Vladimir Poutine a reçu au Kremlin le président chinois Xi Jinping, en visite officielle en Russie durant trois jours. La venue à Moscou du président chinois permet d’afficher l’unité et l’alliance des deux géants d’Eurasie que sont la Chine et la Russie.

Le Kremlin a accueilli des entretiens entre le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping dans un format élargi. Xi Jinping y a rencontré le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, après quoi les négociations entre les dirigeants de la Chine et de la Russie dans un format élargi ont commencé. Des membres du gouvernement, du Conseil de sécurité et des dirigeants de grandes entreprises privées et publiques ont assisté aux entretiens.

Vladimir Poutine a déclaré que les pourparlers avaient été couronnés de succès et constructifs. Les dirigeants des deux pays ont signé une déclaration sur les plans de coopération économique jusqu’en 2030 et une déclaration sur les plans d’approfondissement de leur partenariat stratégique.

La Russie et la Chine ont appelé à la fin des actions qui contribuent à l’escalade du conflit en Ukraine, selon un communiqué conjoint publié à l’issue des discussions du 21 mars.

« Les parties notent que pour résoudre la crise ukrainienne, il est nécessaire de respecter les préoccupations légitimes de sécurité de tous les Etats et d’empêcher la formation d’une confrontation en bloc, de cesser les actions qui contribuent à alimenter davantage le conflit », indique le texte du document publié sur le site internet du Kremlin.

Dans la déclaration commune, les parties ont également appelé à « cesser toutes les mesures contribuant à l’escalade de la tension et à la prolongation des hostilités, afin d’éviter une nouvelle dégradation de la crise jusqu’à sa transition vers une phase incontrôlée ». « Les parties s’opposent à toutes les sanctions unilatérales imposées en contournant le Conseil de sécurité de l’ONU », indique le texte du document.

La déclaration note également que la Chine se félicite de la volonté de la Russie de faire des efforts pour relancer les pourparlers de paix sur le règlement de la « question ukrainienne » dès que possible.

La Russie et la Chine ont en outre déclaré l’inadmissibilité de déclencher une guerre nucléaire dans laquelle il ne peut y avoir de vainqueurs, ont appelé toutes les puissances nucléaires à ne pas déployer d’armes en dehors de leurs territoires et à les rapatrier de l’étranger.

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” (…) Les parties réitèrent qu’il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire et qu’elle ne devrait jamais être déclenchée”, peut-on lire dans une déclaration conjointe signée par les dirigeants de la Russie et de la Chine à l’issue des pourparlers à Moscou.

Il note que « toutes les puissances nucléaires ne devraient pas déployer d’armes nucléaires en dehors des territoires nationaux et devraient retirer toutes les armes nucléaires stationnées à l’étranger ».

En outre, dans le document, les parties réaffirment leur attachement à leurs obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) du 1er juillet 1968 et promettent de « continuer à coordonner les efforts » afin de préserver et de renforcer ce Traité.

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Moscou et Pékin ont par ailleurs exprimé « leur grave préoccupation quant aux conséquences pour la stabilité dans la région Asie-Pacifique liées à la création en 2021 d’un partenariat de sécurité tripartite (AUKUS) entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie et à leurs projets de construction de sous-marins nucléaires ».

« Les parties exhortent vivement les membres de ce partenariat à remplir strictement leurs obligations en matière de non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, afin de maintenir la paix, la stabilité et le développement régionaux dans la région », indique le document.

Plusieurs documents intergouvernementaux, interministériels et d’entreprise relatifs au développement de la coopération russo-chinoise dans divers domaines ont été signés.

Outre la politique internationale et l’actualité géopolitique en Europe, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont conclu plusieurs accords en matière économique et énergétique.

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La Russie préconise ainsi l’utilisation du yuan chinois dans les règlements des transactions commerciales avec les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Vladimir Poutine a également annoncé que les approvisionnements en GNL de la Russie vers la Chine vont augmenter, Moscou étant aussi prêt à augmenter les approvisionnements en pétrole.

La Chine et la Russie sont deux puissances nucléaires, qui se sont rapprochés dans les années 2000, partageant une opposition commune à l’influence des Etats-Unis et de leurs alliés sur la scène internationale.

L’alliance entre la Chine, géant industriel, et la Russie, première puissance en ressources minérales, constitue une force géopolitique inégalée dans l’Histoire, dont le socle est l’Eurasie, “coeur du monde”, comme le considérait déjà le géographe britannique Halford John Mackinder en 1904 dans son article The Geographical Pivot of History. Cette théorie fut cependant critiquée par Nicholas John Spykman, professeur de relations internationales à l’Université de Yale dans les années 1930, défendant quant à lui la primauté du “Rimland”, cette bande côtière du continent eurasien, sur le “Heartland”.

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