Par Jean Féron, correspondant à Moscou, pour Eurasia Business News – le 5 août 2021

Des gardes-frontières russes ont été déployés à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la région de Tavush, et des infrastructures sont en cours de construction pour leur séjour, a déclaré le ministère arménien de la Défense dans un communiqué.

L’armée russe est stationnée dans la zone du village de Voskepar, situé directement à la frontière.

La situation le long de la frontière arméno-azerbaïdjanaise reste instable, depuis le conflit armé qui a eu lieu entre septembre et octobre 2020, avec pour enjeu le contrôle du territoire du Haut-Karabakh, peuplé d’arméniens depuis la fin de la première guerre du Haut-Karabakh en mai 1994. Cette deuxième guerre s’est terminée par la victoire de l’Azerbaïdjan, qui a pris le contrôle de 4 districts, ainsi que des villes de Shushi et Hadrut dans le Haut-Karabakh.

Des casques bleus russes sont actuellement stationnés dans le Haut-Karabakh et dans le corridor de Latchin, col montagneux qui relie la région à l’Arménie. Le couloir est de jure dans le district de Latchin en Azerbaïdjan, mais est sous le contrôle d’une force de maintien de la paix russe comme le prévoit l’Accord d’armistice du Haut-Karabakh de 2020, obtenu par l’intervention de la Russie.

En outre, quatre détachements frontaliers du FSB de Russie gardent la frontière de l’Arménie avec la Turquie et l’Iran. Cette garde par des militaires russes est inscrite dans le traité de 1992 « Sur le statut des troupes frontalières de la Fédération de Russie situées sur le territoire de l’Arménie et les conditions de leur fonctionnement”, signé entre Erevan et Moscou.

Le 28 juillet dernier, une nouvelle aggravation des tensions s’est produite à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Erevan déclare que l’armée azerbaïdjanaise a commencé des hostilités, tandis que Bakou accuse la partie arménienne de bombardement. L’Arménie a signalé trois tués et quatre blessés, l’Azerbaïdjan – deux blessés.

Le 29 juillet, les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE (Stéphane Visconti pour la France, Andrew Schofer pour les États-Unis d’Amérique et Igor Khovaev pour la Fédération de Russie) ont fait part officiellement de leur inquiétude par une déclaration :

“Les coprésidents sont préoccupés par les incidents récemment survenus le long de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, y compris par les bilans déclarés des personnes blessées et des pertes humaines. Les coprésidents appellent l’Arménie et l’Azerbaïdjan à une désescalade immédiate de la situation, à s’abstenir de toute rhétorique et action provocatrices, et à respecter pleinement les engagements qu’ils ont pris au titre de la déclaration du 9 novembre, ainsi que des autres arrangements de cessez-le-feu adoptés conjointement.”

Depuis 1995, les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE ont négocié avec les gouvernements d’Arménie et d’Azerbaïdjan pour une solution à la situation issue de la première guerre du Haut-Karabakh. De nombreuses propositions ont été faites qui se basaient principalement sur des concessions mutuelles. Une de ces propositions prévoyait que lorsque les forces arméniennes se retireraient des sept régions entourant le Karabakh, l’Azerbaïdjan partagerait certains de ses actifs économiques, y compris les bénéfices d’un oléoduc qui irait de Bakou à la Turquie en passant par l’Arménie.

Les pertes militaires et les victimes civiles ont été nombreuses du côté arménien durant le conflit de septembre à octobre 2020. Des zones civiles, y compris de grandes villes, ont été touchées, notamment la deuxième plus grande ville d’Azerbaïdjan, Gandja, ainsi que Stepanakert, la capitale de la république arménienne d’Artsakh, établie dans le Haut-Karabakh. De nombreux bâtiments et des logements ont été détruits par les bombardements. La cathédrale Ghazanchetsots à Shushi a aussi été endommagée par des tirs des forces azerbaïdjanaises.

L’équilibre demeure fragile et seule la présence actuelle de militaires russes permet de contenir les tensions aux frontières.

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