Par Clément Bigot, juriste et consultant en affaires internationales – Eurasia Business News, le 23 avril 2022

Vue sur des mosquées d’Istanbul, depuis un navire reliant les deux rives du détroit du Bosphore. Crédits photo : Pexels.

Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a annoncé l’interdiction de survol de la Turquie aux représentants de la Russie. Cette interdiction concerne les avions civils et militaires russes volant vers la Syrie.

La Turquie a fermé son espace aérien aux avions civils et militaires russes volant vers la Syrie, a annoncé aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu :

Nous avons fermé l’espace aérien aux avions militaires et même civils russes volant vers la Syrie. Nous avions délivré un permis pour trois mois. L’autorisation actuelle se termine en avril“, a déclaré M. Cavusoglu lors d’une rencontre avec le chef du ministère uruguayen des Affaires étrangères.

Selon le ministre turc, les vols ont été suspendus en vertu d’un accord entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.

Mevlut Cavusoglu a déclaré avoir transmis la décision à son homologue russe Sergueï Lavrov, qui l’a ensuite transmise au président Vladimir Poutine.

Un ou deux jours plus tard, ils ont répondu : M. Poutine a donné l’ordre, nous ne volerons plus par la Turquie“, a déclaré M. Cavusoglu aux journalistes turcs à bord de son avion pour l’Uruguay.

Il n’y a pas eu de réponse immédiate à l’annonce de la Turquie par la Russie, qui, avec l’Iran, a été un soutien crucial du président syrien Bashar al-Assad pendant la guerre civile qui a ravagé le pays à partir de mars 2011. La Turquie a quant à elle soutenu des groupes rebelles syriens pendant le conflit.

Les relations d’Ankara avec Moscou se sont brièvement dégradées après que la Turquie ait abattu un avion de guerre russe près de la frontière turco-syrienne à l’automne 2015.

Cependant, les relations russo-turques s’étaient améliorés jusqu’au début de l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février. La Turquie considère l’Ukraine comme un partenaire commercial important et un allié diplomatique dans la région stratégique de la Mer noire.

La Turquie a tenté de négocier la fin du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie, organisant des réunions entre les négociateurs russes et ukrainiens à Istanbul, et une autre entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba à Antalya.

Ankara tente maintenant d’organiser un sommet à Istanbul entre Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, bien que Mevlut Cavusoglu ait admis que les perspectives de telles discussions à ce stade restent sombres.

S’ils veulent un accord, c’est inévitable“, a déclaré le ministre turc. “Cela n’arrivera peut-être pas avant longtemps, mais cela peut arriver soudainement.

Mevlut Cavusoglu a également déclaré que la Turquie ne se joindrait pas aux sanctions contre la Russie, afin que les entreprises russes puissent faire des affaires dans ce pays. « Nous sommes un pays qui ne participe pas aux sanctions. Si une entreprise russe veut faire des affaires, elle doit seulement se conformer à nos lois et au droit international », a-t-il déclaré.

Les autorités turques ont déclaré à plusieurs reprises leur refus de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie. En outre, la Turquie insiste sur l’établissement d’un processus de négociation entre la Russie et l’Ukraine. La dernière série de pourparlers russo-ukrainiens a eu lieu à Istanbul le 29 mars.

Par ailleurs, les autorités turques ont rappelé début mars qu’elles continuent de surveiller la mise en œuvre des articles de la Convention de Montreux de 1936, qui détermine le régime de la souveraineté turque sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles.  La Turquie considère les événements en cours en Ukraine comme une guerre. Elle déclara par la voix de son ministre de la Défense  Hulusi Akar, qu’elle surveillera la mise en œuvre de la Convention, en limitant le passage de navires de guerre.

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