Par Swann Collins, investisseur, écrivain et consultant en affaires internationales – Eurasia Business News, le 4 juillet 2022

L’inflation annuelle de la zone euro a atteint un niveau record de 8,6% en juin, contre 8,1% en mai, selon une estimation rapide d’Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

Le taux d’inflation dans la zone euro n’a jamais été aussi élevé depuis l’introduction de la monnaie unique en 1999. Depuis l’été 2021, l’inflation n’a cessé d’augmenter. La Banque centrale européenne est maintenant en dans une situation difficile, faire ralentir une forte inflation étant toujours une action douloureuse pour l’économie. La forte hausse des taux directeurs par la BCE qui sera nécessaire pour briser la dynamique de surchauffe, cassera aussi la croissance économique dans la zone euro (Voir la politique des taux sous Paul Volcker aux Etats-Unis dans les années 1980).

Si l’on considère les principales composantes de l’inflation dans la zone euro, l’énergie devrait afficher le taux annuel le plus élevé en juin (41,9 %, contre 39,1 % en mai), suivie de l’alimentation, de l’alcool et du tabac (8,9 %, contre 7,5 % en mai), des biens industriels non énergétiques (4,3 %, contre 4,2 % en mai) et des services (3,4 %, contre 3,5 % en mai).

La France et l’Espagne ont connu de nouveaux records d’inflation en juin, cette dernière dépassant le seuil de +10% pour la première fois depuis 1985. Français inflation a atteint +6,5% selon Eurostat, tandis que le gouvernement Français continue de baisser les chiffres officiels, avec +5,8% d’inflation en juin après +5,2% en mai (Eurostat a enregistré une inflation de +5,8% en mai pour la France).

Cette vague d’inflation persistante en Europe depuis juillet 2021 ajoute de la pression sur le programme d’assouplissement quantitatif et d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE), accusée de réduire le pouvoir d’achat de l’euro et de provoquer de l’inflation en conséquence. En outre, la politique monétaire de la BCE n’a pas réussi à soutenir une forte croissance économique. L’inflation dans la zone euro est actuellement près de quatre fois supérieure à l’objectif de la BCE et ne retombera pas en dessous de 2 % avant des années.

En mai 2022, alors que l’inflation annuelle dans la zone euro s’élevait à 7,5% en mars et à 7,4% en avril, les banquiers de la BCE ont commencé à faire circuler la nouvelle qu’une hausse des taux aurait lieu en juillet 2022, afin de freiner cette inflation. Il s’agirait de la première hausse de taux de la BCE depuis 2011. Les banquiers centraux européens sont en effet habitués à imprimer de l’argent depuis plus d’une décennie, d’où leur difficulté à réagir au réveil de la forte inflation depuis juin 2021.

Les banques centrales mondiales sont de plus en plus préoccupées par le problème de l’inflation vertigineuse : la Banque centrale européenne (BCE) est prête, si nécessaire, à resserrer encore plus fortement sa politique monétaire pour ramener l’inflation de la zone euro à l’objectif de 2 %, mais jusqu’à présent, elle maintient son intention de relever les taux directeurs en juillet de 25 points de base (pb). C’est ce qu’a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la réunion annuelle des régulateurs européens au Portugal le 28 juin.

En Allemagne, les banques alimentaires et les organisations caritatives réclament des mesures fondamentales telles qu’une augmentation du salaire minimum et des allocations de chômage, ainsi que des mesures contre les emplois précaires. L’augmentation du salaire minimum à 12 euros de l’heure est à venir à l’automne. Le Bundestag a récemment décidé de le faire. Actuellement, le salaire minimum est de 9,82 euros bruts. Le 1er juillet, il passera à 10,45 euros sur une base régulière, puis à 12 euros de l’heure le 1er octobre.

En France, le président Macron et son gouvernement tentent de budgétiser l’inflation, en utilisant le budget général de l’État pour financer des mesures sociales en faveur des ménages (chèques de paie énergétiques, boucliers tarifaires), mais au prix de déficits colossaux (déficit 2022 envisagé de 6% du PIB si la croissance reste supérieure à 2,5%) et d’un accroissement de la dette publique.

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La situation est également critique aux États-Unis, où l’inflation annuelle a atteint un record de 8,6% en mai, après 8,3% en avril et 8,5% en mars. Il s’agit du niveau d’inflation le plus élevé jamais vu aux États-Unis depuis février 1982 et la dynamique est là depuis des mois. L’inflation américaine a déjà atteint 7,5 % en janvier après avoir atteint 7 % en décembre 2021, 6,8 % en novembre et 6,2 % en octobre.

Au milieu de cette forte inflation dans la zone euro et aux États-Unis, les prix de l’or ont atteint 1 814 $ l’once troy à la clôture le 1er juillet 2022 à 17h00, heure de New York. Le 4 juillet, le prix de l’once d’or atteignait 1 811 $ à 10h40 heure de New York.

Cette baisse des prix de l’or s’explique par le fait que les investisseur espèrent encore en la capacité des banques centrales américaine et européenne de faire un “atterrissage en douceur”, en remontant graduellement les taux directeurs pour réduire progressivement l’inflation. Nous verrons le résultat de ce pari risqué en septembre prochain.

Pour contacter l’auteur, écrivez à : swann.collins.consulting@gmail.com

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