Par Anthony Marcus, envoyé spécial à Francfort, pour Eurasia Business News, le 21 juillet 2022

Pour la première fois depuis 2011, la Banque centrale européenne a décidé de relever ses trois taux d’intérêt de 50 points de base à la fois, jusqu’à 0,5 % par an : sur les opérations principales de refinancement, la facilité de prêt marginal et la facilité de dépôt seront respectivement de 0,50 %, 0,75 % et 0,00 %, à compter du 27 juillet 2022. Cela signifie que le coût du crédit augmente. Si les banques de la zone euro paient un coût plus élevé pour emprunter de l’argent à la BCE, les prêts hypothécaires et les prêts à taux variable contractés par les ménages et les entreprises seront également plus chers.

Cette hausse du coût du crédit va ralentir la demande sur le marché immobilier dans la zone euro, ce qui fera baisser les prix des logements, qui constituent une bulle depuis au moins 2015.

Les semaines passées, une augmentation de 25 points de base était plutôt attendue. Comme l’a expliqué la présidente de la BCE Christine Lagarde, cette plus forte hausse est due à une nouvelle évaluation des risques d’inflation.

Dans un contexte d’inflation élevée, la décision d’augmenter fortement les taux d’intérêt avait déjà été prise par les banques centrales du Royaume-Uni et des États-Unis. En revanche, la Banque du Japon continue d’adhérer à une politique monétaire ultra-souple et maintient le taux à un niveau négatif.

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Au cours de la dernière décennie, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont mis en œuvre des politiques d’assouplissement quantitatif et de taux bas, visant à stimuler la croissance économique par la création monétaire, après la crise financière mondiale de 2008-2009. L’objectif était de relancer l’inflation autour d’une cible de 2 % et de financer la croissance. Les deux banques centrales mirent en place leurs taux courts à zéro ou en dessous pour soutenir le crédit, augmenter l’agrégat monétaire M3 et inciter l’activité économique. La masse monétaire augmentant de manière continue, sans croissance des capacités de production industrielle, l’inflation était la conséquence logique.

En mai 2022, alors que l’inflation annuelle dans la zone euro atteignit le record de 7,5% en mars et 7,4% en avril, les banquiers de la BCE commencèrent à faire circuler l’information selon laquelle une hausse des taux directeurs aura lieu en juillet 2022, afin de freiner cette inflation.

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Mais face au dérapage des taux obligatoires à dix ans depuis avril 2022, le conseil des gouverneurs de la BCE s’est réuni en urgence le 15 juin pour annoncer qu’elle soutiendra les Etats européens en difficulté en achetant de leur dette publique pour réduire la pression des taux d’intérêt. Malgré cette annonce, la montée des taux d’intérêt des obligations d’Etat à dix ans n’a que faiblement ralenti, pour atteindre au 18 juin 2022, 1.667 % pour l’Allemagne, 2,208 % pour la France (inédit depuis janvier 2014), 3,691 % pour l’Italie, 2,787 % pour l’Espagne, 2,724% pour le Portugal et 4,042% pour la Grèce. Le problème est que la croissance du PIB de ces Etats n’a jamais dépassé de tels pourcentages depuis des décennies. Par ailleurs, ces Etats sont lourdement endettées, avec des dettes publiques dépassant les 100% du PIB.

En juin, l’inflation annuelle de la zone euro a atteint un niveau record de 8,6%, contre 8,1% en mai, selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

Le taux d’inflation dans la zone euro n’a jamais été aussi élevé depuis l’introduction de la monnaie unique en 1999. Depuis l’été 2021, l’inflation n’a cessé d’augmenter. La Banque centrale européenne est maintenant en dans une situation difficile, faire ralentir une forte inflation étant toujours une action douloureuse pour l’économie. La forte hausse des taux directeurs par la BCE qui sera nécessaire pour briser la dynamique de surchauffe, cassera aussi la croissance économique dans la zone euro (Voir la politique des taux sous Paul Volcker aux Etats-Unis dans les années 1980).

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