Par Swann Collins, investisseur, essayiste et consultant en affaires internationales – Eurasia Business News, 11 mars 2023
La Silicon Valley Bank a fait faillite, selon l’Associated Press et Reuters. La faillite d’une si grande banque est la première depuis la crise financière de 2008 et pourrait provoquer une nouvelle crise aux Etats-Unis.
La Silicon Valley Bank n’était pas une petite banque – c’était la 16ème plus grande banque des Etats-Unis, détenant 210 milliards de dollars d’actifs.
La 16e plus grande banque américaine s’est retrouvée dans cette situation après que les déposants ont commencé à retirer leurs fonds en raison des inquiétudes suscitées par la situation de l’établissement de crédit. Des milliards de fonds ont été gelés ou potentiellement perdus.
La Silicon Valley Bank était principalement active dans les prêts bancaires à l’industrie des startups technologiques. Le 10 mars 2023, après une ruée des clients sur leurs dépôts, elle a fait faillite et a été mise sous séquestre par la U.S. Federal Deposit Insurance Corporation. Les dépôts des clients de SVB ne sont assurés que jusqu’à concurrence de 250 000 $. En application du droit américain, la couverture est automatique chaque fois qu’un compte de dépôt est ouvert dans une banque ou une institution financière assurée par la FDIC.
Dans le cadre de l’arrestation, les régulateurs bancaires californiens et la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) ont transféré les actifs de la banque à une institution nouvellement créée, la Santa Clara Deposit Insurance Bank. Les paiements des dépôts assurés commenceront lundi 13 mars.
Parmi les victimes de l’effondrement de la banque californienne figure le fournisseur de télévision sur Internet Roku. Environ 487 millions de dollars, soit 26% de ses réserves de trésorerie sont bloqués à la Silicon Valley Bank, a déclaré le streamer dans un document déposé vendredi auprès de la Security Exchange Commission.
Il s’agit de la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire financière américaine après l’effondrement de Washington Mutual en 2008. WaMu a été saisi par les régulateurs en septembre 2008 et vendu à JPMorgan Chase (JPM) pour un prix de vente de 1,9 milliard de dollars.
Plus tôt cette semaine, SVB Financial Group, la société mère de Silicon Valley Bank, a annoncé une vente d’urgence de bons du Trésor américain et d’obligations hypothécaires totalisant 21 milliards de dollars du portefeuille de la banque en raison d’une sortie plus importante que prévu des fonds des clients sur leurs dépôts. SVB a perdu 1,8 milliard de dollars à la suite d’une vente d’urgence de titres.
Les problèmes de la Silicon Valley Bank sont en partie dus au resserrement agressif de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, entamé en mars 2022 pour lutter contre l’inflation. La hausse des taux d’intérêt par la Fed depuis un an a entraîné une diminution de la valeur des obligations dans les portefeuilles des banques, mais les pertes latentes ne sont pas nécessairement devenues un problème pour les sociétés financières. Dans le cas de SVB, des difficultés sont apparues en raison du fait que la banque a dû vendre ces actifs à perte pour couvrir les sorties de fonds provenant des dépôts.
Les investisseurs ont compris que la Fed ne craignait pas de provoquer une récession en 2023 pour tenter de faire baisser la forte inflation aux Etats-Unis, inflation qu’elle a provoquée avec sa politique monétaire d’assouplissement quantitatif et des taux bas depuis plus d’une décennie (impression de dizaines de milliards de dollars chaque mois depuis 2008 pour financer les actifs immobiliers et les actifs boursiers, d’où la formation des bulles actuelles qui menacent d’éclater).
Les politiques monétaires extensives provoquent en effet de l’inflation et des bulles d’actifs. Stimulés par d’importants crédits accordés par les banques commerciales, les prix des actions et des logements augmentent régulièrement en période d’assouplissement quantitatif. Cela ne fait qu’ajouter de la pression sur les banques commerciales, les entreprises et en fin de chaîne sur les classes populaire et moyenne.
La Banque d’Angleterre a annoncé tôt le matin du 11 mars qu’elle placerait la filiale britannique de la Silicon Valley Bank en procédure d’insolvabilité à la suite de l’effondrement de sa société mère aux États-Unis.
La banque de compensation britannique The Bank of London envisage une offre de sauvetage pour la branche britannique de la banque américaine effondrée Silicon Valley Bank (SIVB. O), a rapporté Sky News samedi.
Le prix des obligations d’État américaines et européennes a augmenté vendredi dans un contexte de retrait général des investisseurs du risque après la publication d’informations sur les problèmes de la Silicon Valley Bank de Californie.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a chuté en cours de séance à 3,868% par an contre 3,911% à la clôture de la séance précédente, similaire à l’échéance des obligations allemandes – à 2,55% contre 2,645%, britanniques – à 3,733% contre 3,802%.
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Une autre banque est sous surveillance, au milieu des nouvelles de l’effondrement de la Silicon Valley Bank : le Credit Suisse.
Les actions du Credit Suisse négociées à la Bourse suisse (SIX) le vendredi 10 mars ont atteint un nouveau minimum historique dans un contexte de liquidation des titres du secteur bancaire américain. Dans la journée, les actions du Credit Suisse ont chuté de 6,1%, à 2.463 francs suisses (environ 2,65 dollars). A la clôture, l’action était à 2,50 CHF, soit une baisse de 4,84% sur la journée.
Ce contexte de crise bancaire a dopé les prix de l’or et de l’argent.
Les prix de l’or oscillaient entre 1 868 $ et 1 871 $ l’once troy le 10 mars, gagnant 37 $ en une journée. Les prix de l’argent se sont négociés entre 19,88 $ et 20,90 $ l’once.
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Le métal jaune a toujours été une couverture puissante contre l’inflation parce que son prix augmente lorsque le coût des biens et des services augmente. L’or peut effectivement stocker de la valeur au fil du temps, lorsque le papier-monnaie tel que le dollar ou l’euro perd du pouvoir d’achat en raison de l’inflation. L’or est un actif résilient qui résiste à l’érosion de l’inflation et préserve la richesse à moyen et long terme.
Voici quelques-unes des plus grandes faillites bancaires, classées en fonction de la valeur de leurs actifs lorsqu’elles se sont effondrées:
- HBOS (Royaume-Uni), le 17 septembre 2008 (Environ 811 milliards de dollars)
- Washington Mutual (États-Unis), le 25 septembre 2008 ($307 milliards)
- Silicon Valley Bank (États-Unis), le 10 mars 2023 ($210 milliards)
- Sachsen LB (Allemagne), le 26 août 2007 (Environ $92 milliards)
- Bradford & Bingley (Royaume-Uni), le 29 septembre 2008 (Environ $63 milliards)
- IndyMac (États-Unis), le 7 novembre 2008 ($32 milliards)
En outre, la crise financière mondiale de 2008 a également vu la faillite d’un certain nombre de banques de financement et d’investissement, notamment la chute de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Ses actifs à l’époque valaient 639 milliards de dollars.
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